De notre servitude involontaire by Accardo Alain

De notre servitude involontaire by Accardo Alain

Auteur:Accardo, Alain [Accardo, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
Publié: 2012-12-31T16:00:00+00:00


LE BESOIN D’ILLUSION

DES CLASSES MOYENNES

Les trois instances de production symbolique que je viens d’évoquer sont sans doute, à l’heure actuelle, trois des plus puissants pourvoyeurs d’illusions du système capitaliste qui les a annexés à peu près totalement. Le système scolaire et universitaire entretient l’illusion de l’égalité des chances des enfants en matière de réussite et de promotion. Le système médiatique entretient l’illusion du pluralisme d’opinion et de la liberté d’expression. Le système politique entretient l’illusion que le véritable pouvoir est encore politique et, en l’occurrence, qu’il est non seulement démocratique mais à gauche. De toutes les impostures caractérisant le monde dans lequel nous vivons, celle-ci est peut-être la plus grossière. En France, le parti socialiste en est, de Mitterrand à Jospin, le principal et inlassable artisan. La question n’est pas de savoir dans quelle mesure ces hommes et ces femmes qui se sont emparés de la social-démocratie européenne sont des usurpateurs conscients qui abusent délibérément de la confiance de leurs électeurs. Sociologiquement, cette question est subalterne ici et on peut même leur faire l’honneur de croire qu’ils/elles sont animé(e)s de convictions sincères. Il n’en reste pas moins que ces gens soi-disant de gauche se font élire par le « peuple de gauche » pour faire une politique de droite que des politiciens de la droite classique auraient plus de mal à faire accepter. C’est très exactement de ce type d’alternance, sans péril parce que sans conséquence irréversible, qu’a besoin le système capitaliste actuel, c’est-à-dire de deux versions alternatives d’une même politique, sur le modèle américain qui n’a jamais toléré qu’un seul type d’opposition : l’opposition dans le système entre deux partis siamois. Moyennant quoi, l’Europe entière peut être gouvernée par la social-démocratie sans que le système capitaliste en souffre si peu que ce soit. Bien au contraire, il ne s’y est jamais si bien porté et l’an 2000 a vu les profits des grands investisseurs battre des « records historiques »… tandis que le fameux fossé entre les plus riches et les plus pauvres a continué à se creuser un peu plus.

Il serait évidemment facile de se livrer à une charge féroce contre cette « classe politique » qui est en train de tuer littéralement la politique pour lui substituer des techniques prétendument « neutres » et « modernes » de gestion de l’ordre établi. Ses travers, son exhibitionnisme sans pudeur, sa soif d’honneurs et de titres, ses insuffisances intellectuelles et morales, ses reniements, sa démagogie roublarde, ses compromissions et ses acoquinements, et, par-dessus tout sa tartuferie, prêtent aisément à la satire. Mais telle n’est pas mon intention, parce que ce type de critique ad hominen, qui peut trouver sa place et sa justification ailleurs, ne me paraît pas approprié ici, dans une optique qui se veut proche de l’analyse sociologique. En effet, à trop insister sur les traits caricaturaux du personnel politique, nous risquerions de perdre de vue les ressemblances que ces hommes et ces femmes ont avec nous, et de méconnaître que ce que nous condamnons chez eux



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