De mémoire indienne by Tahca Ushte et Richard Erdoes

De mémoire indienne by Tahca Ushte et Richard Erdoes

Auteur:Tahca Ushte et Richard Erdoes
La langue: fra
Format: epub


CHAPITRE IX

MÉDECINE, BONNE ET MAUVAISE

Je suis un « medicine-man ». « Medicine-man » – Voilà bien une expression de Blanc, comme « Squaw », « Papoose », « Sioux », « Tomahawk » – mots inconnus en langue indienne. Je souhaiterais en vérité qu’il y ait un terme traduisant avec plus de justesse « medicine-man », mais je ne peux en trouver un anglais, et vous ne le pouvez pas, je crois, vous non plus. Aussi, disons medicine-man, et n’en parlons plus. Mais l’expression reste pauvre et ne recouvre pas tout ce que le terme indien « wićasá wakan » implique.

Nous avons différents noms pour désigner différents hommes accomplissant différentes tâches là où vous ne disposez que d’un seul nom dérisoire. D’abord nous distinguons le guérisseur, le pejuta wicasa, qui se sert des herbes. Il ne guérit pas avec les herbes seules, il faut encore qu’il ait le pouvoir, wakan, de guérir. Puis nous avons le yuwipi, l’homme aux poignets attachés, qui recourt aux pouvoirs des peaux et des pierres pour établir le diagnostic et procurer le remède. Nous parlons également du waayatan, le voyant qui peut prédire l’avenir, à qui a été donnée la prescience. Les faits advenus conformément à ses présages, nous les nommons wakinyanpi. Le même vocable désigne les créatures ailées, celles qui volent dans les airs, parce que le pouvoir de dévoiler l’avenir provient d’elles.

Puis il y a le wapiya, l’illusionniste, ou, si vous voulez, le sorcier qui guérit. S’il est compétent et honnête, il pratique le waanazin, c’est-à-dire l’extermination du mal. Il extirpe du corps les substances néfastes distillées en lui par un esprit maléfique, tel celui du tamia qui, de son terrier, projette dans votre organisme des brins d’herbe rigides ou de petits piquants de porcs-épics, toutes causes de furoncles.

Si ce sorcier guérisseur est malhonnête, il vous inoculera la maladie que justement lui seul peut guérir – contre argent comptant. Il y a des charlatans parmi ces hommes. Ils donneront à un jeune conscrit un remède qui soi-disant le protégera du mal, le garantira contre les balles et fera en sorte qu’il rentrera chez lui sain et sauf. S’il revient avec tout ses abattis, à eux les gros sous. Sinon – eh bien tant pis.

Le heyoka, le clown sacré, est encore un guérisseur d’un autre genre. Il recourt au pouvoir du tonnerre pour soigner certaines personnes. Si vous voulez étendre le sens du mot, comme on déploierait une grande couverture pour qu’elle abrite tout le monde, même le prédicateur du peyoltisme qui parcourt les campagnes peut être inclus parmi les voyants-guérisseurs. Mais je crois que le seul voyant-guérisseur digne de ce nom est le wicasa wakan, le saint homme. Lui peut guérir, prophétiser, parler aux herbes, commander aux pierres, conduire la danse du soleil ou même changer le temps, mais cela est sans grande importance à ses yeux. Il s’agit seulement là de la traversée de stades successifs. Lui-même les a franchis ; il se tient au-delà. Il possède la wakanya wowanyanke, ou grande vision.



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