Darwin et les grandes énigmes de la vie by Gould Stephen Jay

Darwin et les grandes énigmes de la vie by Gould Stephen Jay

Auteur:Gould, Stephen Jay [Gould, Stephen Jay]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Paléontologie, USA
ISBN: 2020069806
Éditeur: Bilbaf - TAZ
Publié: 1997-02-01T08:27:40+00:00


18.

Uniformité et catastrophe

La Gideon Society26, qui pourvoit au confort spirituel des voyageurs, persiste à placer la date de la Création en 4004 avant Jésus-Christ, dans les notes sur le premier chapitre de la Genèse. Selon les géologues, notre planète est au moins un million de fois plus âgée : environ 4,5 milliards d’années.

Toutes les sciences ont contribué à mettre en doute l’idée suivant laquelle l’homme aurait une importance cosmique. L’astronomie a montré que nous occupons une petite planète, à la frontière d’une galaxie de taille moyenne, parmi des millions d’autres. La biologie nous a retiré notre statut d’exception aux lois de la nature, créée à l’image de Dieu. La géologie, elle, nous a donné l’immensité du temps et nous a appris que notre espèce n’en avait occupé qu’une part dérisoire.

En 1975, on a célébré le centenaire de la mort de Charles Lyell, héros de la révolution géologique, « miroir de tout ce qui avait réellement de l’importance en géologie », selon un biographe récent. Traditionnellement, on présente l’œuvre de Lyell de la manière suivante. Au début du XIXe siècle, la géologie était dominée par les « catastrophistes », théologiens qui cherchaient à établir un lien entre les données expérimentales de la géologie et la chronologie biblique. Pour y parvenir, ils imaginèrent qu’il existait une rupture entre les modes de changement du passé et ceux du présent. Bien que l’évolution actuelle, sous l’action des vagues et des fleuves, soit lente et progressive, les événements passés, disaient-ils, furent brutaux et cataclysmiques… ou sinon comment auraient-ils pu se dérouler en quelques milliers d’années seulement ? Les montagnes apparaissaient du jour au lendemain et les précipices en un instant. Donc, les lois naturelles avaient été altérées par la volonté du Seigneur, et le passé s’était ainsi trouvé exclu du domaine scientifique. D’après Loren Eiseley « [Lyell] a fait son entrée dans le domaine de la géologie alors qu’elle était un paysage sauvage et crépusculaire, agité de convulsions titanesques, de raz de marée, de créations et de disparitions surnaturelles. Des hommes de valeur avaient prêté leur nom à ces élucubrations théologiques ».

En 1830, Lyell publia le premier volume de ses Principes de géologie. Toujours selon l’histoire telle qu’on la raconte, il y proclamait avec audace que le temps n’a pas de limite. Ayant posé ce principe fondamental, il prit position en faveur d’une théorie « uniformitariste », doctrine qui fit de la géologie une science. Les lois naturelles sont invariables. Comme on dispose d’une quantité de temps illimitée, l’action lente et continue des éléments suffit pour expliquer le passé. Le présent donne la clé du passé.

L’histoire du rôle joué par Lyell ressemble à tous les récits qui composent généralement l’histoire des sciences : beaucoup d’imagination et peu d’éléments précis.

Il y a quelques mois, alors que je fouinais dans l’ancienne bibliothèque de Harvard, j’ai découvert un exemplaire des Principes de géologie annoté par Louis Agassiz (il y a dans les bibliothèques des quantités de trésors inconnus). Agassiz était le plus grand géologue américain, et un catastrophiste convaincu.



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