DANS L'ABÎME DU TEMPS by Howard Phillips Lovecraft

DANS L'ABÎME DU TEMPS by Howard Phillips Lovecraft

Auteur:Howard Phillips Lovecraft
Format: mobi
Publié: 2010-11-26T23:00:00+00:00


5

Tel est le monde dont mes rêves m’apportaient chaque nuit des échos vagues et dispersés. Je ne peux espérer donner une idée exacte de ce qu’ils contenaient d’horreur et d’effroi, car ces deux sentiments venaient en grande partie d’un élément insaisissable : la nette impression de pseudo-souvenirs.

Mes études, je l’ai déjà dit, me fournirent peu à peu un moyen de défense contre ces sentiments sous la forme d’explications psychologiques rationnelles et cette influence salvatrice fut secondée par l’insensible accoutumance qui vient avec le temps. Pourtant, en dépit de tout, la confuse et insidieuse terreur revenait momentanément, de temps à autre. Mais elle ne m’absorbait pas comme auparavant et à partir de 1922, je menai une existence très normale de travail et de détente.

Les années passant, l’idée me vint que mon expérience ainsi que les cas analogues et le folklore s’y rattachant devraient être résumés et publiés à l’intention des chercheurs sérieux ; je préparai donc une série d’articles traitant en peu de mots l’ensemble du sujet et illustrés de croquis rudimentaires de quelques formes, scènes, motifs décoratifs et hiéroglyphes des rêves dont je gardais la mémoire.

Ces articles parurent à divers moments des années 1928 et 1929 dans la Revue de la Société américaine de psychologie, mais sans susciter beaucoup d’intérêt. Je continuai entre-temps à noter mes rêves dans le moindre détail, bien que la masse grandissante des documents prît des proportions encombrantes.

Le 10 juillet 1934, la Société de psychologie me transmit la lettre qui fut à l’origine de la phase culminante et la plus effroyable de toute cette épreuve insensée. Elle avait été postée à Pilbarra, Australie-Occidentale, et portait une signature qui, renseignements pris, était celle d’un ingénieur des mines de grande réputation. Il y était joint de très curieuses photographies. Je reproduis cette lettre dans son intégralité, et aucun lecteur ne peut manquer de comprendre quel effet prodigieux texte et photos eurent sur moi.

Je fus un moment presque paralysé de stupeur incrédule, car si j’avais souvent pensé que certains faits réels devaient être à la base de tel ou tel thème légendaire qui avait coloré mes rêves, je ne m’attendais pas pour autant à une survivance tangible d’un monde perdu dans un passé au-delà de l’imaginable. Le plus stupéfiant, c’étaient les photographies – car là, dans leur réalisme froid et irréfutable, se détachaient sur un arrière-plan de sable quelques blocs de pierre usés, ravinés par les eaux, érodés par les tempêtes, dont le sommet légèrement convexe et la base légèrement concave racontaient leur propre histoire.

Et les examinant à la loupe, je ne distinguai que trop clairement, sur la pierre battue et piquetée, les traces de ces larges dessins curvilignes et parfois de ces hiéroglyphes qui avaient pris pour moi une signification tellement hideuse. Mais voici la lettre, qui parle d’elle-même :

49, Dampier Street,

Pilbarra, W. Australia

18 mai 1934

Professeur N. W. Peaslee

c/o Société américaine de psychologie

30,41e Rue Est

New York City, USA.

Cher Monsieur,

Une récente conversation avec le Dr. E. M. Boyle, de Perth, et vos articles dans des revues qu’il vient de



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