Crime et châtiment by Fiodor Dostoïevski

Crime et châtiment by Fiodor Dostoïevski

Auteur:Fiodor Dostoïevski
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2014-08-14T16:00:00+00:00


QUATRIÈME PARTIE

Chapitre premier

« Serait-ce la continuation de mon rêve ? » pensa encore une fois Raskolnikov. Avec précaution et méfiance, il examinait le visiteur inattendu.

– Svidrigaïlov ? Quelle sottise ! C'est impossible ! prononça-t-il enfin à haute voix, perplexe.

Le visiteur parut ne s'étonner nullement de cette exclamation.

– Je suis venu vous trouver pour deux raisons : d'abord, j'ai voulu faire votre connaissance, parce que depuis longtemps, j'avais entendu parler de vous d'une façon extrêmement curieuse, et avantageuse pour vous ; en second lieu, je rêve que vous ne refuserez peut-être pas de m'aider dans une entreprise qui concerne directement les intérêts de votre sœur, Avdotia Romanovna. Seul, sans recommandation, elle pourrait fort bien ne pas me recevoir, à cause d'une certaine prévention, tandis qu'avec votre aide, je compte au contraire…

– Vous avez tort de compter, interrompit Raskolnikov.

– C'est seulement hier qu'elles sont arrivées, si vous me permettez cette question ?

Raskolnikov ne répondit pas.

– C'est hier, je le sais. Je suis arrivé moi-même avant-hier seulement. Alors, voici ce que je vais vous dire à ce propos, Rodion Romanovitch. J'estime superflu de me justifier, mais permettez-moi de vous le déclarer : qu'y a-t-il là, dans toute cette affaire, de si criminel de ma part, je veux dire si l'on est exempt de préjugés, si on juge sainement ?

Raskolnikov continua de l'examiner en silence.

– Que dans ma propre maison j'aie poursuivi une jeune fille sans défense et « l'aie offensée par d'ignobles propositions » – c'est bien cela ? (je préviens l'accusation !) – mais admettez seulement que moi aussi je suis un homme et nihil humanum…, bref que, moi aussi, je suis capable d'être séduit et de tomber amoureux (chose qui bien sûr ne nous arrive pas sur commande), et alors tout s'explique de la façon la plus naturelle. Toute la question est là : suis-je un monstre, ou suis-je au contraire une victime ? Et si j'étais une victime ? Lorsque j'offrais à mon objet de fuir avec moi en Amérique ou en Suisse, c'est peut-être que je nourrissais à son égard les sentiments les plus respectueux et que même je voulais faire notre bonheur mutuel !… La raison, n'est-il pas vrai, est esclave de la passion ; c'était moi sans doute qui allais à ma propre perte !

– Mais ce n'est pas de cela du tout qu'il est question, interrompit avec mépris Raskolnikov : vous êtes tout bonnement répugnant, que vous ayez raison ou pas raison ! On ne veut pas vous connaître, et on vous met à la porte, eh bien, allez-vous-en !…

Svidrigaïlov éclata de rire.

– Quand même, vous… quand même vous ne vous laissez pas tourner la tête ! prononça-t-il en riant le plus franchement du monde. Je voulais ruser, mais non, vous avez tout de suite mis le doigt sur le point essentiel !

– Mais en ce moment même vous continuez à ruser.

– Qu'est-ce que ça fait ? Qu'est-ce que ça fait ? répétait Svidrigaïlov, en riant à gorge déployée. C'est de bonne guerre1, comme on dit,



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