Crime Et Chatiment by Dostoïevski

Crime Et Chatiment by Dostoïevski

Auteur:Dostoïevski [Dostoïevski]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Fiction, General, Romance, Roman psychologique
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2011-06-23T06:04:29+00:00


II

Huit heures allaient bientôt sonner. Raskolnikov et Rasoumikhine se dépêchaient afin d’atteindre l’hôtel Bakaléïev avant Loujine.

– Qui était-ce ? interrogea Rasoumikhine dès qu’ils furent sortis.

– C’était Svidrigaïlov, ce châtelain chez qui ma sœur a été gouvernante, et dans la maison duquel elle a été offensée. Elle est partie de là à cause de ses instances amoureuses, chassée par sa femme, Marfa Pètrovna. Celle-ci a demandé ensuite pardon à Dounia et, il n’y a pas longtemps, elle est morte. C’est la dame dont on a parlé tout à l’heure. Je ne sais pour quelles raisons, mais je crains beaucoup cet homme. Il est venu ici aussitôt que sa femme a été enterrée. Il est très bizarre et il est résolu à agir… Il semble savoir quelque chose… Dounia doit être protégée contre lui… c’est cela que je voulais te dire, tu comprends ?

– Protégée ? Qu’a-t-elle à craindre de lui ? Rodia, mon vieux, merci de me parler ainsi… Oui, oui, nous allons la protéger !… Où habite-t-il ?

– Je ne sais pas.

– Tu aurais dû le lui demander ! Dommage ! Bah, après tout, je le trouverai !

– As-tu vu son visage ? demanda Raskolnikov après un moment de silence.

– Mais oui, j’ai vu son visage. Je m’en souviendrai.

– Tu l’as bien vu ? Bien nettement ? reprit Raskolnikov avec insistance.

– Mais oui, je m’en souviens très bien ; je l’identifierais entre mille, j’ai une bonne mémoire des physionomies.

Ils se turent encore.

– Hum… alors, c’est bien… murmura Raskolnikov. Car, tu sais… j’ai pensé… il me semble… que peut-être – ce n’est que de l’imagination.

– Mais de quoi parles-tu ? Je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire.

– Eh bien, vous dites tous, continua Raskolnikov, la bouche déformée par un sourire forcé, que je suis fou ; alors il m’a semblé que, peut-être, je le suis en effet, et que ce n’est qu’un fantôme que je viens de voir.

– Allons, Rodia !

– Qui sait ! Peut-être suis-je vraiment fou, et tout ce qui est arrivé ces jours-ci n’est peut-être qu’imagination pure.

– Ah, Rodia ! On t’a de nouveau ébranlé les nerfs… Mais de quoi a-t-il parlé ? Pour quelle raison est-il venu ?

Raskolnikov resta silencieux. Rasoumikhine médita pendant quelque temps.

– Écoute, voici mon rapport, dit-il enfin. Je suis passé par chez toi, tu étais endormi. Puis on a dîné, ensuite je me suis rendu chez Porfiri. Zamètov s’y trouvait encore. J’ai voulu tenter la chose, mais ça n’a pas pris. Je ne suis pas parvenu à attraper le ton juste. Ils ont eu l’air de ne pas comprendre ou de ne pas vouloir comprendre, mais ils ne se déconcertèrent pas non plus. J’ai emmené Porfiri près de la fenêtre et je lui ai parlé, mais, de nouveau, mon discours ne réussît pas : il regardait de côté et moi aussi. Enfin je lui ai mis « sur le pied familial » mon poing sous le nez, et je lui ai dit que j’allais l’écrabouiller. Il n’a fait que me jeter un coup d’œil ; j’ai craché et je suis parti ; c’est tout.



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