Coups de coeur by Steel Danielle

Auteur:Steel, Danielle [Steel, Danielle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
Publié: 2011-06-18T04:00:00+00:00

Les longues sonneries du téléphone résonnaient dans la maison. Le répondeur se déclencha au moment où Adriane faisait irruption, le sac en bandoulière, les bras chargés de la gazette du soir et de quelques emplettes qu'elle avait effectuées au drugstore. La jeune femme coupa le message qui s'imprimait sur la bande enregistreuse et décrocha. La terre s'arrêta de tourner lorsqu'elle entendit la voix de son correspondant.

— Tu vas bien ? demanda Steven d'une voix tendue. Je n'ai pas cessé de t'appeler tout l'après-midi. Chaque fois je suis tombé sur ce fichu répondeur.

L'idée de l'appeler à son bureau ne l'avait pas effleuré. Vers dix-neuf heures, au comble de l'anxiété, il avait recomposé fébrilement le numéro. Et Dieu merci, elle était là. Adriane s'était bien gardée de l'appeler de son côté. Elle avait besoin de temps pour rassembler ses idées avant de lui annoncer la nouvelle.

— Oui, j'étais absente, dit-elle rapidement.

Elle pressentait la prochaine question.

— Pourquoi es-tu restée si longtemps à la clinique ? Y a-t- il eu un problème ?

Il semblait sincèrement inquiet, mais Adriane ne s'en émut pas. Son ressentiment ne s'était pas apaisé.

— Aucun problème, répondit-elle lentement. L'interven-tion n'a pas eu lieu.

Un silence incrédule flotta au bout du fil, puis :

— Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'a empêchée de le faire ? Qu'est-ce qui n'a pas marché ?

La jeune femme s'assit, l'écouteur à la main. La fatigue, la lassitude, lui voûtèrent les épaules. Tout à coup, elle se sentit vieillie et comme vidée de ses forces.

— Ce qui n'a pas marché, Steven, ne tient qu'à moi. Je n'ai pas voulu le faire.

— Tu as flanché au dernier moment, hein ? bougonna-t-il, d'un ton où l'horreur se mêlait aux reproches.

— Flanché n'est pas exactement le mot, répondit-elle, furieuse elle aussi. J'ai décidé de garder notre enfant. La plupart des hommes auraient été flattés, émus, ou simple-ment contents. Ils auraient eu en tout cas une réaction plus saine.

— Je suis différent de la plupart des hommes, Adriane. Je ne suis ni touché ni flatté... Ne sois pas stupide. Tu te trompes si tu crois que je marcherai dans ce petit jeu-là.

— De quel jeu parles-tu? Il s'agit seulement d'un bébé, Steven, d'une douce créature inoffensive... Pas d'un gangster qui menace de nous exterminer.

— Je ne suis pas très sensible à ton sens de l'humour.

— Et moi encore moins à ton sens des valeurs. Un avortement n'est pas rien, Steven, comme tu as l'air de le prétendre. C'est un pas difficile à franchir pour une femme. Tu n'as pas le droit de me l'imposer... Je veux cet enfant parce que je t'aime.

— Balivernes ! cria-t-il, hors de lui.

Une sourde frayeur le tenaillait. Adriane réalisa qu'il était inutile de discuter au téléphone. Steven finirait bien par se rendre compte qu'un bébé ne détruirait pas son avenir.

— écoute, dit-elle d'une voix raisonnable, nous en reparlerons lorsque tu seras de retour.

— Parler, parler, parler ! hurla-t-il comme un forcené. Nous n'avons rien à nous dire. Sauf si tu reprends tes esprits et que tu m'obéis.

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