Contes nocturnes by Hoffmann Ernst Theodor

Contes nocturnes by Hoffmann Ernst Theodor

Auteur:Hoffmann, Ernst Theodor [Hoffmann, Ernst Theodor]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Allemande, Fantastique, Contes
ISBN: EPUB9782072530944-91312
Éditeur: Phil - La Gang
Publié: 2014-08-13T22:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Sans précisément m’interroger, le grand-oncle fit si bien le lendemain, que je lui racontai l’histoire de la veille. Alors quittant l’air riant qu’il avait pris d’abord, il me dit du ton le plus grave : — Je t’en prie, mon neveu, résiste à la folie qui s’est emparée si puissamment de toi. Sais-tu bien que tes galanteries peuvent avoir des suites épouvantables ! Tu marches comme un insensé sur une glace fragile qui se brisera sous tes pas. Tu t’engloutiras ; et je me garderai de te prêter la main pour te secourir, je t’en préviens. Que le diable emporte ta musique, si tu ne sais pas l’employer à autre chose qu’à troubler le repos d’une femme paisible !

— Mais, répondis-je, pensez-vous donc que je songe à me faire aimer de la baronne ?

— Singe que tu es ! Si je le pensais, je te jetterais par cette fenêtre !

Le baron interrompit ce pénible colloque30, et les affaires m’arrachèrent à mes rêveries. Dans le salon, la baronne m’adressait seulement quelques mots, mais il ne se passait pas de soirée sans que je reçusse un message de Mlle Adélaïde, qui m’appelait auprès de Séraphine. Nous passions souvent le temps à nous entretenir de différents sujets entre les intervalles de la musique, et Adélaïde avait soin de débiter mille folies, lorsqu’elle nous voyait nous plonger dans des rêveries sentimentales. Je me convainquis dans ces entrevues, que la baronne avait dans l’âme quelque chose d’extraordinaire, un sentiment funeste qu’elle ne pouvait surmonter, ni dissimuler31.

Un jour, la baronne ne parut pas à table ; on disait qu’elle était indisposée, et qu’elle gardait la chambre. On demanda avec intérêt au baron si l’indisposition de sa femme était grave. Il se mit à rire d’une manière singulière, et répondit : — C’est un léger rhume que lui a causé l’air de la mer, qui n’épargne guère les douces voix, et qui ne souffre d’autres concerts que les fanfares de chasse. À ces mots, le baron me jeta un regard irrité. C’était évidemment à moi que s’adressaient ses paroles. Adélaïde, qui était assise auprès de moi, rougit extrêmement, et me dit à voix basse, sans lever la tête : — Vous verrez encore aujourd’hui Séraphine, et vos chants adouciront ses maux.

Les paroles d’Adélaïde me frappèrent en ce moment ; il me sembla que j’avais une secrète intrigue d’amour qui ne pourrait se terminer que par un crime. Les avertissements de mon grand-oncle revinrent à ma pensée. Que devais-je faire ? Cesser de la voir ; cela ne se pouvait pas, tant que je resterais au château, et je ne pouvais le quitter tout à coup. Hélas ! je ne sentais que trop que je n’étais pas assez fort pour m’arracher au rêve qui me berçait de joies ineffables. Adélaïde me semblait presque une vulgaire entremetteuse, je voulais la mépriser ; et cependant je ne le pouvais pas. Qu’y avait-il donc de coupable entre Séraphine et moi ? Le repas s’acheva promptement, parce qu’on voulait chasser des loups qui s’étaient montrés dans les bois voisins.



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