Conspiration à Venise by François Lanzi

Auteur:François Lanzi [Lanzi, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
ISBN: 9791024500065
Éditeur: Nouvelles Plumes
Publié: 2016-01-12T16:00:00+00:00

Lorenzo marchait d’un pas modéré, l’esprit tout à ses tourments. Bien à l’abri sous son déguisement, il se savait en sécurité et en arrivait à oublier les risques d’une traversée à pied de Venise. Il avançait machinalement, sans prêter attention aux personnes qu’il croisait, ni à l’agitation perpétuelle de ces ruelles grouillantes. Ses pas le guidèrent vers l’appartement de Francesco, mais ses pensées étaient ailleurs. De l’entretien qu’il venait d’avoir avec Maria naissait une idée qui grandissait petit à petit. Il pesait le pour et le contre, analysait chaque détail, ajoutait des variantes, et tentait de ne rien laisser au hasard. Il échafaudait un plan d’évasion, persuadé que c’était le seul moyen de sortir Chiara de son couvent.

Arriva devant la maison où habitait son ami, ouvrit la porte d’entrée qui grinça, et gravit les escaliers. Il retira son masque noir pour mieux voir où il mettait les pieds dans la pénombre de la cage d’escalier.

Soudain, à mi-parcours, il se figea sur place. Ses yeux s’écarquillèrent en constatant qu’un homme, assis sur la dernière marche, lui barrait le passage en le fixant intensément.

— Lorenzo… c’est moi… c’est Alvize ! rassura le vieil homme d’une voix chaude et sereine.

Sous tension, Lorenzo soupira profondément. Obnubilé par son projet, il en avait oublié la prudence élémentaire et se reprocha sévèrement cette négligence pouvant avoir des conséquences fâcheuses.

— Alvize ? Que fais-tu là ? C’est mon père qui t’envoie ? questionna-t-il, perplexe.

— Non ! Je ne l’ai pas vu ces derniers temps…

Lorenzo ouvrit de grands yeux, sans comprendre sa présence devant la porte de son ami.

— C’est Francesco… il m’a tout raconté… juste avant d’être arrêté par les soldats de l’inquisition !

— Quoi ? balbutia Lorenzo, horrifié par la nouvelle.

— Je faisais un bout de chemin avec lui, lorsqu’ils se sont jetés sur nous !

— Mon Dieu, non… pas lui… s’indigna Lorenzo en jetant son bonnet au sol, d’un geste de colère.

— Je n’ai rien pu faire, ils m’ont flanqué à terre ! Ils auraient pu me tuer ces brutes ! gémit le vieil homme, en se massant une épaule douloureuse.

— Toute cette histoire commence à me rendre fou ! s’exclama Lorenzo, excédé. Ils s’en prennent à tous les êtres qui me sont chers, sans ménagement ! Je n’en peux plus de cet acharnement méthodique !

Un lourd silence s’installa. Cherchant à aider son jeune ami, l’ancien charpentier de l’arsenal suggéra :

— L’étau se resserre, Lorenzo ! Il faut t’enfuir de Venise, c’est la seule solution pour leur échapper…

— M’enfuir ? Jamais de la vie ! En laissant Chiara, et maintenant Francesco ?

— Alors, il faut te cacher ailleurs qu’ici. Ils ne vont pas tarder à arriver. Ils doivent déjà surveiller la maison !

Lorenzo lui jeta un regard éperdu. Il ne craignait pas pour sa vie, mais savait pertinemment que du fond d’une cellule des Puits, il ne serait plus d’aucun secours pour Chiara, condamnée à l’enfermement. Cette idée amplifiait son angoisse et son visage se durcit un peu plus.

Affecté par le désarroi de son jeune

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