Congo Inc.: Le testament de Bismarck (Domaine français) (French Edition) by In Koli Jean Bofane

Congo Inc.: Le testament de Bismarck (Domaine français) (French Edition) by In Koli Jean Bofane

Auteur:In Koli Jean Bofane [Bofane, In Koli Jean]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Actes Sud
Publié: 2014-04-15T22:00:00+00:00


85. Au Congo : individu sans consistance, sans âme.

86. Région comprise entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.

87. Allusion à une légende tenace concernant les Mongo.

VIII

Dragon éternel

永存的龙

Isookanga avait terminé sa tournée. Il déposa sa boîte de frigolite au Grand Marché et passa chez le Vieux Tshitshi, avenue du Commerce.

— Bonjour, Vieux. Zhang Xia n’est pas là ?

— Il arrive, il est parti au cybercafé.

— Au cyber ? Mais il devait m’attendre, j’ai ce qu’il faut, là.

— Il est parti relever des courriels. Il a beaucoup trop pensé à sa femme et à son fils, ces jours-ci. Assieds-toi.

La journée s’achevait, l’animation dans les rues et les magasins s’amenuisait progressivement. Les sentinelles de nuit avaient pris possession des perrons des commerces, déjà fermés ou en cours de fermeture. Le soir, le centre perdait de son foisonnement au profit des quartiers plus éloignés de la ville. Le peuple n’habitait pas de ce côté-ci, le quartier était réservé aux nantis et à ceux qui ne se souciaient pas des règles, qui vivaient dans la marge, tels les délaissés de la communauté des shégués.

Zhang Xia fit son apparition.

— Ça va ? lui demanda Isookanga.

— Je ne sais pas.

Le jeune Chinois avait l’air encore plus morose que d’habitude. Il tendit à son ami une feuille de papier.

— Lis.

— Je ne suis pas encore sinologue, mon frère, mais ça viendra.

— C’est un courriel de Gong Xiyan, ma femme. Elle écrit : “Cher époux, Les jours passent. Je pense à toi. J’essaye de vivre avec le petit Zhang Yu qui te ressemble de plus en plus. Malgré ses rires, rien ne parvient à me consoler de ton absence. Mon travail me donne satisfaction et tout pourrait aller bien. Les jours sont longs, ils s’égrènent doucement comme le fil de la rivière Chang Jiang que je vois de la fenêtre de notre maison. Un monsieur est venu. Reviens, mon amour, reviens-nous vite. Gong Xiyan”

— Et alors ?

— Tu ne sens pas quelque chose d’inquiétant, dans ce message ?

— Écoute, Zhang Xia, je sais que tu penses à ta femme et à ton enfant sans arrêt, mais tu es là pour bosser, mon vieux. Si tu veux un jour pouvoir rentrer en Chine, tu ferais mieux de ne pas te faire du mouron à tout moment. Tout va bien pour les tiens, tu n’as pas de souci à te faire.

*

En effet à première vue il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour Gong Xiyan et son petit garçon. Comme chaque jour, le paysage devant la fenêtre de leur appartement ne variait que peu. Du haut de la colline où ils habitaient, malgré les nuages de poussière soulevés par des engins de terrassement, on pouvait voir au loin le chantier d’un gigantesque pont dominé de grues se succédant, à espaces réguliers, comme des robots – les bras tendus – jusqu’à une courbe de la rivière Chang Jiang qui transparaissait à travers le brouillard grâce aux reflets scintillant à sa surface. Et plus loin encore, sous un ciel



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