Concentration 44 by Jan Gabriel

Concentration 44 by Jan Gabriel

Auteur:Jan,Gabriel [Jan,Gabriel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2012-09-04T18:02:16+00:00


CHAPITRE IX

Depuis leur rencontre, les deux hommes avaient vu se lever et se coucher trois crépuscules. Trois périodes de clarté plus ou moins longues qui leur avaient permis de dormir sans être inquiétés. Les haltes avaient été nombreuses en raison de la fatigue accumulée. Loryan, surtout, résistait assez mal aux longues marches. La maladie qui le minait lui faisait connaître des moments atroces. Jarel assistait, impuissant, aux crises que les médicaments ne parvenaient pas toujours à enrayer. Il réconfortait son ami, le soignait de son mieux, l’aidant aussi à porter un sac devenu trop lourd. La fièvre taraudait Loryan. Le mal se développait, commençait à être très douloureux. Pendant les haltes, Jarel le voyait noter quelques phrases sur un petit carnet. L’homme de la concentration 42 suivait l’évolution de sa propre maladie, ce qui devait être très pénible bien qu’il s’efforçât de le cacher. Il se savait condamné mais il continuait à travailler, espérant que ses notes serviraient un jour à ses semblables.

L'air épais leur était maintenant familier, tout comme cette végétation curieuse, parfois redoutable. Redoutable parce qu’elle ne se composait pas seulement de grands arbres « à tentures » et de buissons à épines, mais parce qu’on rencontrait aussi des plantes carnivores. Des arbustes aux feuilles larges et coupantes comme des lames de rasoir, aux tentacules poisseux garnis de « bouches » avides. Loryan et Jarel avaient assisté à l’agonie d’un serpent géant, et les images du terrible combat restaient gravées dans leur esprit…

Ils avaient poursuivi leur route, toujours guidés par les indications fournies par les précieux appareils. Ils avaient effectué maints détours, ayant évité les passages difficiles et les zones de trop forte radiation. Souvent, Jarel épiait son compagnon. Loryan, en dehors de ses périodes de crise, paraissait en excellente santé et ne se plaignait pas. Mais, dès que la crise survenait, le changement qui s’opérait en lui était spectaculaire, effrayant. Son visage se convulsait, des cernes très prononcés se formaient autour de ses yeux, sa peau devenait d’une blancheur extrême, ce qui accentuait la couleur bleue de ses lèvres. Cela durait généralement une vingtaine de minutes. Loryan se tordait, se frappait le ventre et la poitrine en hurlant. Il donnait à Jarel la vision d’une mort lente mais inexorable. Dans ces moments Jarel souffrait presque autant que lui…

Puis les couleurs revenaient. Le visage se détendait. Loryan recouvrait son calme et se mettait sur pied. On repartait. Au cours des haltes, Loryan demandait simplement à Jarel de lui dire s’il avait remarqué des changements, des signes particuliers sur son visage.

Ils marchaient dans une véritable purée de pois, au sein d’une végétation extraordinaire par les formes inattendues qu’elle prenait. Une végétation grise et terne dont on ne savait si elle vivait réellement. Le sol était mou, désagréable, fait de matières en décomposition.



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