Coeur de gaël - t2 - la saison des corbeaux by Sonia Marmen

Auteur:Sonia Marmen [Marmen, Sonia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2012-07-14T11:12:21+00:00

— Bonne nuit, pour ce qu’il en reste.

En effet, l’obscurité pâlissait. La femme quitta la pièce en lançant un dernier regard entendu à Duncan, dont les joues rosirent légèrement. Puis elle ferma la porte derrière elle. Marion grimaça. Le jeune homme se saisit du bol et le lui tendit.

— Bois, cela t’aidera à te détendre et à te rendormir.

— Je déteste le lait chaud.

Il rit doucement et s’assit sur un banc, devant elle. « Comme au Grey Owl! » pensa-t-elle.

— Moi aussi, je déteste le lait chaud. Mais ma mère me forçait à le boire jusqu’à la dernière goutte.

Il but une gorgée et lui mit le bol entre les mains.

— Allons, ce n’est pas si mal.

De mauvaise grâce, elle porta à ses lèvres le bol qui pourtant f leurait bon le whisky. Le liquide chaud coulant dans sa gorge sèche la fit frissonner de dégoût. Elle le reposa sur la table.

— Que fais-tu ici, Duncan?

— Euh… je… je retournais à Glencoe…

Il s’éclaircit la voix, passa nerveusement ses doigts dans sa crinière parsemée de brindilles de paille. Un moment, l’idée qu’il ait pu batifoler dans le foin avec la blondasse eff leura l’esprit de Marion, qui en ressentit un profond trouble.

— J’ai entendu dire que ton frère manquait à l’appel, dit-il, gêné.

Il éludait la question. Mais que faisait-il ici? Allongeant un bras pour retirer quelques brindilles des sombres mèches rebelles, elle ne put s’empêcher de frôler au passage la joue balafrée. Elle frémit légèrement et réalisa à quel point il lui avait manqué et combien elle était heureuse qu’il fût là.

— On m’a dit aussi que tu avais une bêtise à réparer…

— Oh! fit-elle en pâlissant.

— Et que c’était Breadalbane qui t’avait contrainte à partir avec les Macgregor. Pourquoi, Marion?

Il avait parlé à Barb, c’était sûr.

— Merde!

Il lui faudrait raconter toute la vérité… enfin, presque toute. Peut-être serait-il préférable qu’elle omette certains détails, par exemple la raison pour laquelle elle avait donné le document à son frère. Il la dévisageait d’un regard indéchiffrable qui la dérangea. Elle baissa les yeux sur ses mains posées à plat sur ses cuisses.

— C’est à cause d’un document égaré.

— Un document? Quel document?

— Laisse-moi t’expliquer…

Elle se mit ensuite à fixer la main de Duncan qui tapotait machinalement son genou. Belle et grande. Elle eut envie de la prendre et de la poser sur sa peau. Son regard glissa lentement de la main au genou, puis à la cuisse velue qui dépassait du kilt fripé. C’était la première fois qu’elle examinait le jeune homme de la sorte, et son visage s’empourpra.

— Le document, Marion?

— Oui… le document…

Se reprenant, elle tourna son regard vers le bol de lait.

— Le soir avant les combats de Sheriffmuir, Breadalbane m’avait chargée de porter un document à Finlarig lors de mon retour en Glenlyon. Je…je ne me sentais pas assez bien pour entreprendre le voyage. Mais je savais que ce document était précieux, qu’il devait être mis en sûreté. Alors j’ai demandé à mon frère John de le porter là-bas pour moi.

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