Clovis ou La France chrestienne by Jean Desmarets

Clovis ou La France chrestienne by Jean Desmarets

Auteur:Jean Desmarets
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-11-15T00:00:00+00:00


LIVRE 15

Cependant Sigismond trouve la ville en larmes :

Et croit que chacun plaint la honte de ses armes.

Mais le peuple en soûpirs, mesle une autre douleur aux pleurs qu'a fait verser le bruit de son malheur.

Tout accourt au spectacle : il suit la foule émeuë.

Un pitoyable objet soudain frape sa veuë : Clotilde aux yeux bandez, sur un noir échaffaut, preste à sentir l'arrest du traistre Gondebaut, qui choisit de son fils l'absence favorable, pour priver l'univers de la teste adorable, et trancher de la guerre et la cause et le cours, sans craindre du heraut le menaçant discours.

La princesse à genoux, en dieu seul occupée, tend son beau col de neige à la tranchante épée : et la foule attendant le coup à tous momens, répand des cris divers, et des gemissemens.

Du bruit de la déroute, et d'horreur chacun tremble : chacun pense pleurer mille douleurs ensemble.

L'amant, d'estre vaincu sembloit s'estre hasté, pour courir au secours de sa chere beauté : et dé-ja tout confus de honte et de tristesse, est encor plus émeû du sort de sa princesse.

Sa voix fait tout suspendre ; et la presse fendant, il met le fer en main, dans son transport ardent.

Il passe à l'échaffaut, met les gardes en fuite, aydé de Gondomar, et de sa prompte suite : monte, oste le bandeau du front majestueux ; détache ses liens, d'un soin respectueux : et la trouvant muëtte, incertaine, éblouïe, ny triste par la peur, ny d'espoir réjouïe ; vous voyez, luy dit-il, un prince à qui l'amour a fait perdre un combat pour vous rendre le jour.

Je bénis ma deffaite, à mes feux desirable.

Un bon-heur, pour jamais m'eût rendu miserable.

Clotilde dont l'esprit dé-ja voloit aux cieux, à regret void le jour qui refrape ses yeux : puis apprend des succés qu'à peine elle ose croire, qu'elle est libre des fers, et Clovis plein de gloire.

A son frere il la laisse : et quittant l'échaffaut, monte sur son coursier, va chercher Gondebaut.

Il trouve en son transport Irier avec son pere.

Que justement, dit-il, la divine colere s'allume contre vous, miserables mortels ; qui pendant la bataille, au lieu d'estre aux autels, implorant le secours de la dextre puissante, versez, pour l'irriter, le sang d'une innocente !

Hé ! Quoy ? C'estoit là donc, ennemis de mon coeur, le prix qu'on m'apprestoit si j'eûsse esté vainqueur ?

C'estoit donc l'appareil pour guerir mes blessures ?

Quoy ? Faire à mon amour ces cruelles injures ?

Contre le sang que j'aime armer vostre courroux, dans le temps que le mien se répand tout pour vous ?

Perdre, par un conseil à vous mesme funeste, quand tout seroit perdu, le seul bien qui vous reste ?

Puis que dans ma valeur vous aviez quelque espoir, et que de mon rival vous craigniez le pouvoir, deviez vous pas garder mon tresor et le vostre, pour recompenser l'un, ou pour appaiser l'autre ?

L'ire de Dieu nous suit, et s'arme pour Clovis.

Ses voeux, par vos forfaits, de gloire sont suivis.

Tout fuit son bras vainqueur, et sa force guerriere.



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