Claude Paysan by Ernest Choquette

Claude Paysan by Ernest Choquette

Auteur:Ernest Choquette [Choquette, Ernest]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fiction, classique
ISBN: 978-2-8247-1302-1
Éditeur: Bibebook


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Chapitre 27

… C’était longtemps plus tard.

… Ils s’en allaient par les champs, Claude et Fernande, bras dessus, bras dessous, follement. Toutes les routes qu’ils suivaient étaient vertes ; il n’y avait que, des brises douces et des chansons autour d’eux, que des roses sous leurs pas, que des soleils éblouissants partout… Les grives, les linottes curieuses, les petits chardonnerets jaunes tendaient la tête à travers les feuilles pour les regarder passer.

Non, jamais Claude n’avait imaginé un bonheur semblable. Et quand il se demandait comment tout cela était arrivé, il lui fallait un peu réfléchir car ça n’était pas très net dans sa tête.

Pourtant, oui, il se souvenait maintenant… Un jour il avait eu cette audace, puisée il ne savait pas juste où, de déclarer son amour sans espoir à Fernande. Il le lui avait déclaré tout simplement comme une de ces choses folles, une de ces histoires invraisemblables que l’on raconte aux enfants pour les amuser. Il savait bien que ça ne lui servait guère d’avouer ainsi ces secrets qui la feraient plutôt rire, sans doute, mais il trouvait cela bon de confesser tous les détails de sa vie.

Il lui avait rappelé tous ses souvenirs passés… Ainsi, leurs rencontres… la première en charrette, avec Jacques ; une autre fois qu’il lui avait donné des cerises ; puis à la mort de son père… puis encore, – ça le gênait de le lui dire, – quand elle avait cueilli ces fleurs d’aubépine sur la grève… se souvenait-elle ?… il s’était alors caché tout près dans les arbres et l’avait regardée faire… Il lui avait aussi appris le soin jaloux avec lequel il conservait ces autres fleurs qu’elle avait apportées sur le cercueil de son père.

— Moi, disait-il, la première fois que je vous ai vue, je me suis senti tout de suite bouleversé, gêné devant vous, comme saisi d’une étrange émotion dont je n’ai jamais pu me déprendre ensuite. Aussi, est-ce drôle que je me sente aujourd’hui le courage de vous avouer toutes ces choses-là…

Non, cela ne lui ferait rien, maintenant, qu’elle le trouvât ridicule ; il s’y attendait bien… c’est pour ça qu’il n’avait jamais voulu en parler à personne, ni à Jacques, ni à sa mère, qu’il n’avait même jamais osé prononcer son nom… Il lui semblait toujours qu’il allait alors se trahir…

… Mais non, Fernande ne riait point. Au contraire, ses grands yeux devenaient plus graves et elle l’écoutait comme si elle eut entendu des choses toutes naturelles et depuis longtemps désirées. C’est qu’elle l’avait un peu deviné, cet amour de Claude, seulement, elle n’en était pas certaine… Oh ! non… Comment y croire aussi ?… Il la fuyait toujours… Souvent elle aurait beaucoup aimé le rencontrer, lui parler doucement et, sans en rien laisser paraître, elle avait taché de choisir les heures où il se trouvait au logis avec sa mère. Mais à chaque fois elle le voyait aussitôt s’enfuir à son approche, derrière les murs du jardin.

Vrai, elle ne riait point, Fernande… Elle, cette demoiselle, daignait l’écouter, ce paysan.



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