Clara et Julie 04--Sur la pointe des pieds by Tania Boulet

Clara et Julie 04--Sur la pointe des pieds by Tania Boulet

Auteur:Tania Boulet [Boulet, Tania]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764423820
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2013-03-28T00:00:00+00:00


Chapitre 11

Moi qui trouvais que je ne progressais pas depuis mon arrivée ici, je me surprends. Depuis que je sais que je pourrai retourner à Québec et reprendre mes traitements avec Josiane, je me sens pousser des ailes. Il y a une semaine, j’avais le cœur à pleurer chaque fois que je voyais un escalier. Maintenant, ils ne me font plus peur. Je peux les monter et les descendre, et toute seule comme une grande ! D’accord, je mets les deux pieds sur la même marche et je ne vais pas très vite, mais je le fais.

Avec l’aide de Josiane, je suis certaine que je vais pouvoir recommencer à danser dans quelques semaines. J’espère être prête pour les auditions de mars. À l’Académie, le règlement est formel : quand une élève ne termine pas sa première année, peu importe la raison, elle doit repasser les auditions avant de réintégrer le programme. Il n’est même pas question de reprendre les cours théoriques seulement: là-bas, c’est tout ou rien.

J’ai l’impression de revenir un an en arrière, quand je me préparais pour ces fameuses auditions. Il s’en passe, des choses, en un an. À pareille date l’an dernier, je me remettais de ma rupture avec Daniel. Je donnerais cher pour n’avoir que ce genre de problème sur le cœur en ce moment.

Je repars demain. Mes parents ont décidé de prendre leur fin de semaine pour venir me conduire. On dira ce qu’on voudra, les parents, quand on a besoin d’eux, ils sont là. Les miens, en tout cas. J’ai souvent trouvé qu’ils étaient un peu trop présents, avant, mais aujourd’hui, je suis bien contente d’avoir des parents aussi dévoués.

Mes bagages sont faits, mon rendez-vous avec Josiane est fixé pour lundi, il ne me reste qu’à me coucher et à essayer de dormir en attendant demain matin. Ça, ou bien je pourrais prendre le téléphone et appeler Philippe.

Il faudra que je le fasse un jour ou l’autre. Aussi bien que ce soit ce soir.

J’ai le cœur qui bat trop fort, trop vite. J’ai presque peur qu’il l’entende sur la ligne. C’est lui qui répond.

— Allô!

— Philippe, c’est Julie.

— Salut, Julie.

Le ton est à peine poli.

— Je ne te dérangerai pas longtemps. Je voulais m’excuser pour l’autre jour. C’est drôle, on dirait que chaque fois que je te téléphone, c’est pour m’excuser…

— Ah, tu trouves ça drôle, toi ?

Je ne m’attendais pas à ça. Je ne croyais pas qu’il m’attaquerait. Je croyais qu’il me dirait que c’était oublié, qu’il n’y avait rien à pardonner et qu’il comprenait très bien que je sois de mauvais poil de temps à autre, avec ce qui m’est arrivé. Philippe ne s’est jamais fâché contre moi, jamais aussi longtemps, en tout cas.

Je serre les mâchoires, ferme les yeux très fort. Il n’est absolument pas question que je pleure, pas maintenant.

— Tu as raison, ce n’est pas drôle.

Dans le silence qui suit, je suis certaine qu’il entend battre mon cœur. Après une éternité, il soupire et lâche :

— Peut-être que j’aurais dû te laisser tranquille et ne plus revenir te voir, après la première fois à l’hôpital.



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