Claire militch by Ivan Sergeyevich Turgenev

Claire militch by Ivan Sergeyevich Turgenev

Auteur:Ivan Sergeyevich Turgenev [Turgenev, Ivan Sergeyevich]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF, Roman
Publié: 1883-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 12

Il était à peine arrivé dans cette ville et installé à l’hôtel qu’il s’occupa de trouver la maison habitée par la veuve Milovidova. Durant le voyage, il avait été plongé dans une sorte de stupeur, ce qui ne l’empêcha nullement, du reste, de prendre les dispositions indispensables, comme de descendre du train à Nijni-Novgorod pour passer sur le bateau, de manger dans les gares, etc. Il demeurait convaincu que tout s’éclaircirait là-bas, et chassait pour cette raison de son esprit les souvenirs ou les réflexions qui auraient pu le troubler, se bornant à préparer et à répéter en pensée le speech, comme il disait, le discours dans lequel il expliquerait à la famille de Claire Militch le véritable motif de ce voyage. – Le voici enfin arrivé au but, la domestique est allée l’annoncer. On l’a introduit dans l’appartement… avec étonnement et crainte, mais on l’y a introduit néanmoins.

La maison de la veuve Milovidova était effectivement telle que l’avait décrite Kupfer, et la veuve ressemblait bien à l’une de ces marchandes décrites par Ostrovsky, bien qu’elle appartînt au milieu des fonctionnaires : Son mari avait eu le rang d’« assesseur de collège ». Ce n’est point sans effort qu’Aratov, s’étant tout d’abord excusé de son audace et de l’étrangeté de sa démarche, se lança dans le discours préparé d’avance pour expliquer le désir qui l’animait de recueillir toutes les informations accessibles au sujet d’une artiste de talent morte si jeune. Il affirma qu’il n’était nullement poussé, dans ce cas, par une curiosité indiscrète et vaine, mais obéissait à la sympathie profonde que lui avait inspirée son talent, dont il fut un admirateur (c’est le mot qu’il employa : un admirateur). Ce serait un péché, assura-t-il enfin, de laisser ignorer au public l’étendue de la perte qu’il avait faite et pourquoi ses espoirs n’ont pu se réaliser ! – Mme Milovidova écouta Aratov sans l’interrompre. Elle ne comprenait pas très bien, il est vrai, ce que lui disait ce visiteur inconnu, et ne faisait qu’écarquiller les yeux comme pour mieux l’examiner. Elle lui trouvait cependant un air honnête et paisible. Il était mis convenablement, on voyait qu’il ne s’agissait pas d’un individu douteux… Il ne venait certainement pas pour demander de l’argent.

– C’est de Katia que vous parlez ? demanda-t-elle dès qu’Aratov se fut tu.

– Oui, d’elle… de votre fille.

– Et c’est dans ce but que vous êtes venu de Moscou ?

– Oui, de Moscou.

– Dans ce but uniquement ?

– Dans ce but.

Soudain, Mme Milovidova parut s’émouvoir. – Ne seriez-vous pas… un écrivain, peut-être ? Vous écrivez dans les journaux ?

– Non, je ne suis pas écrivain, et je n’ai rien publié dans les journaux jusqu’ici.

La veuve inclina légèrement la tête. Elle paraissait perplexe et surprise.

– C’est donc que… vous venez de votre propre gré ? demanda-t-elle tout à coup. Aratov chercha une réponse durant quelques instants.

– Oui, fit-il enfin. Je viens par sympathie, par respect pour son talent.

Le mot de « respect » séduisit Mme Milovidova. « Je veux



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