Cincinnati blues by Fredric Brown

Cincinnati blues by Fredric Brown

Auteur:Fredric Brown [Brown, Fredric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 1958-06-21T08:53:33+00:00


Conger & Way. C’était sa troisième place de représentant et, dans la mesure où il l’occupait toujours, le meilleur emploi de sa carrière. Certes, il était rémunéré uniquement à la commission et ses gains étaient la moitié de ceux de Brian Danner. Mais c’était suffisant pour vivre, en tout cas plus qu’il n’avait jamais gagné dans la plupart de ses emplois précédents, du moins ceux qu’il avait pu garder quelque temps. Il était toujours possible d’espérer une amélioration et tel avait d’ailleurs été le cas, avant la baisse d’activité qui affectait actuellement tous les secteurs de l’économie. Il savait que Mr Conger n’était pas très satisfait de ses performances – il le lui faisait remarquer assez souvent – mais il n’y avait pas de menace de licenciement dans l’air, pas encore.

L’un dans l’autre, il jouissait d’une sécurité relative, supérieure à tout ce qu’il avait déjà connu, et, s’il réussissait à tenir encore un peu, à se faire un peu plus de connaissances dans le métier et à gagner d’autres clients, peut-être que cet emploi se révélerait finalement la chance de sa vie.

Regardez-le. Il entre assez de clair de lune par la fenêtre ouverte pour nous permettre de le voir clairement, maintenant que nos yeux sont habitués à l'obscurité. Il est de taille moyenne et n’a qu’un léger embonpoint. À présent que nous le voyons tout nu (oui, oui, il a gardé son caleçon, mais nous n’irons pas y mettre notre nez), vous pouvez constater comme moi qu’il est affligé d’une légère difformité, imperceptible lorsqu’il est habillé : son avant-bras droit, entre le coude et le poignet, est anormalement fort, distordu par un cal. C’est là le résultat d’une fracture, fruit d’une chute de son perchoir, à la goulotte qui alimentait le convoyeur en minerai, lorsqu’il avait quatorze ans. Cette fracture avait été réduite, plutôt mal que bien, par un médecin de campagne, mais avait tout de même eu pour conséquence de le faire réformer et lui éviter d’être appelé sous les drapeaux. De tous les employés du bureau, seul Mr Willoughby avait réellement connu la guerre. Brian Danner avait été incorporé dans l’armée, ainsi que je l’ai déjà signalé, mais il n’avait jamais pris part au moindre combat. Mr Conger, lui, était bien trop vieux, et Marty Raines un peu trop jeune. L’armistice avait été signé au moment où Marty aurait été en âge d’être appelé, prouvant ainsi l’efficacité des prières de sa mère, qui avait imploré le Seigneur jour et nuit pour qu’un tel malheur lui soit épargné.

Mais c’est George Sperling qui nous intéresse en ce moment. Il vient de se mettre sur le dos et nous pouvons donc enfin voir son visage. Au repos (mais également à tout autre instant de la journée), on ne saurait au juste qualifier un tel visage, qui n’est ni fragile, ni déterminé comme celui de Brian Danner, ni beau, ni laid. Hormis le fait que ses yeux sont clos, c’est un visage qui ressemble étonnamment à celui qu’il arbore pendant la journée.



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