Chroniques du Nouvel-Ontario by Hélène Brodeur

Chroniques du Nouvel-Ontario by Hélène Brodeur

Auteur:Hélène Brodeur
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Prise de parole
Publié: 2012-11-09T00:00:00+00:00


CHAPITRE IX

E

ugène Marchessault n’en crut pas ses oreilles lorsque Germain lui parla d’acheter la machine à arroser les choux.

— Mais voyons, avec quel argent veux-tu qu’on l’achète? Tu sais ben qu’on a pus d’argent de côté. Avec ce qu’on gagne, c’est tout juste pour manger et rencontrer les paiements de la terre à Brisson.

— Avec l’argent de la banque, papa. Les banques, c’est fait pour ça.

Eugène haussa les épaules.

— Voyons, Germain, y voudront jamais nous prêter avec les temps durs comme y sont.

— Faut essayer, papa, et si la banque le demande, faut être prêts à mettre notre ferme en garantie, parce que je veux acheter non seulement la machine mais aussi le petit camion de monsieur Schraffner pour pouvoir charrier les choux au marché de Timmins.

— Un camion! Tu veux acheter un camion? Tu sais ben que c’est pas pour des colons pauvres comme nous autres, ces choses-là.

Germain se sentit agacé par l’attitude de son père. Comme s’il y avait des choses auxquelles il était défendu d’aspirer! Lui, il avait résolu que rien ne l’arrêterait dans la vie. Patiemment, il lui expliqua, comme il l’avait fait à Rose-Delima, qu’il connaissait bien la culture du chou, qu’il pourrait conserver les débouchés de monsieur Schraffner pour vendre la récolte et que celui-ci était même prêt à rencontrer le gérant de banque pour témoigner en sa faveur.

Eugène regarda son fils comme s’il le voyait pour la première fois.

— Je ne sais vraiment pas où tu vas chercher tout ça.

— On a même un morceau de terre qui serait extra pour la culture du chou, continua Germain.

— Ah oui, dit Eugène, et où ça?

Déjà l’agriculteur en lui s’intéressait.

— Le champ d’en haut, près de la rivière. C’est de la bonne terre noire avec juste assez de sable et de glaise pour que ça s’égoutte bien et que ça gèle pas trop facilement. Et ça nous fera pas loin à aller chercher l’eau pour arroser. Qu’est-ce que vous en dites, papa?

Eugène regardait autour de lui. Ces champs, il les avait arrosés de sa sueur depuis vingt ans. Cette maison, cette grange, il les avait bâties de ses mains après le feu. Tout ça, c’était «clair» à lui depuis sept ans. Hypothéquer tout son bien pour se lancer dans une aventure dont le résultat dépendrait de la température?

— Alors, papa? pressa Germain.

Eugène hocha la tête.

— Laisse-moi y penser, mon garçon. C’est pas une décision facile à prendre.



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