Chili Incarné by Delteil Gérard

Chili Incarné by Delteil Gérard

Auteur:Delteil Gérard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hérétiques


* * *

Bière blonde. ↵

Bien sûr que oui ! ↵

Pédé. ↵

Petit gros. ↵

10

El Gordito habitait une petite maison en briques, à l’entrée de San Huilapan. Il y régnait une odeur épouvantable. Balaguer invita le Poulpe à s’asseoir à une table couverte d’une toile cirée graisseuse. Dans la pièce voisine, séparée par un rideau en plastique, une femme et deux fillettes s’employaient à bourrer le ventre d’un chien d’ingrédients divers. Deux autres cadavres de chiens étaient suspendus à des crocs. Sur des étagères s’étalaient toutes sortes de flacons.

— Comment vous procurez-vous ces animaux ?

— Ce sont des chiens errants que nous ramassons dans la rue, señor. Nous faisons œuvre de salubrité publique. Ils sont affamés et pourraient devenir méchants. Ils ont meilleure mine une fois naturalisés, croyez-moi !

— Et les cochons ?

— Les cochons, nous les vendons un peu plus cher. Ils sont plus durs à trouver…

Gabriel déduisit de cette réponse que la famille Balaguer volait les animaux mais n’insista pas. El Gordito alla ouvrir un frigo rouillé sur lequel était collé un portrait du pape découpé dans un magazine. Il y prit deux Tecate qu’il décapsula et en tendit une à son visiteur. Il but une large rasade, s’essuya les lèvres avec sa manche de chemise et s’assit en face de son visiteur.

— Vous vouliez me parler de mon frère, señor. Il est mort. Je ne peux pas vous dire grand-chose de plus.

— On m’a dit à Mexico qu’il a reçu un mauvais coup.

— Il arrive tellement de choses à Mexico. Il aurait mieux fait de rester ici. C’est plus calme.

— Il avait ouvert un restaurant, dans le marché couvert de la place Garibaldi. Ça doit coûter cher.

— Il faut acheter le commerce, payer la patente, les flics, la marchandise… Tout ça pour gagner à peine de quoi payer le loyer.

— Comment avait-il trouvé l’argent ?

— Vous avez toujours l’intention d’acheter le cochon ?

— Si vous répondez à mes questions.

— Le cochon a augmenté. C’est deux cents dollars.

Le Poulpe aligna deux billets de cinquante dollars sur la toile cirée.

— Comment avait-il trouvé l’argent ?

— Il a fait un travail à l’étranger.

— Quel genre de travail ?

— Il ne me l’a jamais dit. Et je crois bien qu’il ne l’a jamais dit à sa femme non plus…

— Mais vous avez peut-être deviné ?

— Quand il est revenu, il était un peu bizarre et pas très bavard.

— Qui lui a commandé ce travail ?

— Des gens qu’il a rencontrés à Mexico. José allait à Mexico avec sa camionnette tous les deux mois pour vendre sa marchandise. Après, quand ses affaires avaient bien marché, il faisait un tour dans les bars, il allait voir des femmes. Il ne s’en vantait pas auprès de Consuela. C’est dans un de ces bars qu’il a rencontré ces types…

— Vous voulez dire un bordel, précisa le Poulpe.

— Si l’on veut… Ils étaient saouls et lui aussi. Il y avait un Nord-Américain et deux Chiliens. Ils étaient venus au Mexique pour participer à un stage avec des spécialistes de différents pays.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.