Cette fille est différente by J.J. Johnson

Auteur:J.J. Johnson
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Alice Jeunesse
Publié: 2015-01-14T00:00:00+00:00

PRESQUE TOUS LES HOMMES PEUVENT FAIRE FACE À L’ADVERSITÉ ; MAIS SI VOUS VOULEZ TESTER LA FORCE DE CARACTÈRE DE QUELQU’UN, DONNEZ-LUI LE POUVOIR.

Abraham Lincoln, président des Étas-Unis (1809-1865).

Le voyage de retour au dôme est tendu. Rajas jette des regards mauvais à Jacinda parce qu’elle a interrompu notre rendez-vous. Elle, elle regarde par la fenêtre. Je n’essaie même pas de faire la conversation ; mon esprit est en ébullition. Je me repasse ce que j’ai entendu. Brookner a dit un truc du style « on pourrait être ensemble en dehors de l’école… » et « l’objectif de ce plan… ». Ils avaient un plan. Un plan ! Mon estomac est encore tout noué. Jacinda, dans quoi t’es-tu embarquée ?

Rajas manœuvre le Désastre bleu le long de mon allée. Une fois au dôme, on s’embrasse pour se souhaiter bonne nuit. Comme Jacinda est là, on fait court, mais on s’enlace quand même. Je crève d’envie de rester encore un peu seule avec lui. Mais je dois parler avec mon amie.

On se fait au revoir de la main et, alors que les feux arrière du Désastre bleu disparaissent le long de l’allée, je laisse échapper un long soupir, que la brise fraîche d’automne emporte. Je me retourne. Le Tas de Boue est là : Martha est rentrée tôt. Dommage. J’aurais aimé parler seule à Jacinda, tout de suite.

— Mes chéries, coucou !

Martha nous conduit à l’intérieur en prenant garde de ne pas renverser son verre de vin. Elle embrasse Jacinda, puis moi, et boit une gorgée.

— Quelle soirée, les filles ! L’excitation était à son comble au Club des Affamés Sexuels : drames et intrigues au rendez-vous.

— Tu es rentrée tôt, pourtant, dis-je en essayant de cacher ma déception.

Elle rit en faisant tourner le vin dans son verre.

— Ça s’est terminé plutôt brutalement. Ah, c’est la vie*, ajoute Martha en buvant une autre gorgée. Et toi, mon amour, comment était ta soirée ?

— Bonne.

Elle lève un sourcil :

— Bonne ? Ou super bonne ?

Jacinda se glisse sur une chaise de la cuisine.

— Évie est venue m’aider.

Le regard de Martha, surprise par cette intervention sans rapport, passe de l’une à l’autre.

Je hausse les épaules et je m’assois aussi. Ma cheville me fait encore un peu mal.

— C’était une longue nuit.

— Je suis tout ouïe, répond-elle en remplissant à nouveau son verre, et en renversant la bouteille pour récupérer les dernières gouttes de vin.

Le dos voûté, recroquevillée dans sa chaise, Jacinda fait vraiment pitié.

— Je crois que Jacinda et moi avons besoin de parler, dis-je à Martha.

— Super ! Te gêne pas.

J’hésite.

— Seules.

Martha est toute déçue.

— Oh. OK.

Elle aspire une gorgée de vin qu’elle déguste bruyamment.

— Bien. Vous me raconterez après.

— Allons dehors, je fais à Jacinda.

Elle fronce le nez, mais hausse les épaules.

— D’accord.

Mes pas nous mènent à la grange et l’odeur familière de terre, de vache, de poules et de paille me calme. J’allume la lumière ; des particules de poussière dorées flottent autour de l’ampoule. Je déplie une vieille couverture pour que Jacinda puisse s’asseoir.

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