Ce Que Les Banques Vous Disent by Pascal Canfin

Ce Que Les Banques Vous Disent by Pascal Canfin

Auteur:Pascal Canfin [Canfin, Pascal]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


« Les marchés financiers et leurs innovations facilitent le financement de l’économie »

À écouter le secteur financier, s’opposer à l’innovation financière des marchés serait au mieux de l’inculture, au pire de l’obscurantisme. « Vous n’empêchez pas Apple d’inventer l’iPhone, pourquoi la finance aurait-elle l’interdiction d’innover pour le profit de tous ? », m’expliquait sans complexe le lobbyiste d’un fonds d’investissement américain. Pourtant, si l’utilité de l’iPhone – et de ses concurrents – semble difficilement contestable, celle de certaines « innovations financières » me laisse bien plus sceptique.

Ainsi, une innovation majeure que défendent les lobbies des Bourses se nomme le « trading de haute fréquence », autrement dit la capacité d’acheter et de revendre des actions en quelques millièmes de seconde à l’aide de programmes informatiques. Cette technique de spéculation à très court terme, où les opérateurs conservent rarement leur position plus d’une minute, s’est développée de manière exponentielle ces dernières années. À tel point qu’aujourd’hui, plus de 50 % des ordres passés sur les valeurs des entreprises du CAC 40 proviennent des fonds américains comme Getco ou Citadel, devenus maîtres en la matière.

Ces fonds profitent d’une autre « innovation » financière, l’introduction de la concurrence entre les places boursières. Avant, le monde était simple : une action d’une entreprise française ne s’échangeait que sur la Bourse de Paris. Aujourd’hui, les actions d’une même entreprise sont cotées en Europe dans plusieurs Bourses différentes. On peut acheter ou vendre une action Total sur Euronext à Paris, mais aussi à Londres sur des marchés concurrents, comme Chi-X ou BATS. Résultat, chaque place propose un prix légèrement différent. Il faut avoir vu de près l’écran d’un trader dans la salle des marchés pour toucher du doigt l’absurdité de l’organisation actuelle des marchés financiers.

Le trader va en effet chercher à « arbitrer » en permanence entre ces différents prix, en temps réel. Il va par exemple acheter à Paris pour revendre dans le même temps à Londres car il existe un centime d’écart. Bien entendu, à ce jeu, les ordinateurs sont plus rapides que les hommes. Ce qui explique que 60 % des transactions financières aux États Unis et 35 % en Europe soient maintenant le fait de machines qui déclenchent automatiquement des ordres en analysant les différents prix. Cette innovation du trading automatisé n’est pas sans risques. Parfois, le système déraille et aboutit à des aberrations. Ainsi, le 6 mai 2010, le Dow Jones, l’indice qui regroupe les trente plus grandes valeurs boursières américaines, s’est mis à perdre près de 10 % en quelques minutes sans explication valable. Certaines entreprises comme le géant du conseil Accenture ont même vu leur titre ne plus valoir que quelques centimes. La raison : face à un ordre atypique passé par un trader, les programmes automatiques qui scrutent les marchés s’étaient emballés puis retirés brusquement des entreprises cotées à New York. Cet accident de parcours a eu le mérite de faire réfléchir, y compris au Parlement européen. Plus personne n’ose s’opposer à un meilleur contrôle de ces modèles ou au principe de suspendre le fonctionnement des marchés en cas d’anomalie.



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