Bye Bye Elvis by Mulder Caroline De

Bye Bye Elvis by Mulder Caroline De

Auteur:Mulder, Caroline De [Mulder, Caroline De]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française
ISBN: 9782330036225
Google: fF7gAwAAQBAJ
Amazon: B00L7R4O5M
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2014-08-18T22:00:00+00:00


La cage aux singes

Des angelots, il y en avait des centaines, toute une collection. À nettoyer, une calamité. Petites choses crasseuses ! De la poussière dans la moindre aspérité, la moindre fossette, les boucles des cheveux, l’interstice des orteils, et les ailes en particulier demandaient un nettoyage méticuleux. Une vieille tante morte peut-être leur avait laissé ces petites saletés. Et il fallait faire très attention ! Certaines pièces valaient cher ! D’avance on me remerciait de les remettre en place exactement comme je les avais trouvées. Je lisais dans les yeux de madame la crainte que je m’empare de l’une ou l’autre de ses abominations potelées. Le mois à Deauville m’a pesé dès le premier jour. J’étais corvéable à merci et madame tout le temps après moi, à vérifier, tellement à me courir après, sur le haricot, à contrôler chaque bibelot, soulever chaque coin de tapis, inspecter chaque fond de casserole, qu’elle se serait moins fatiguée en faisant les choses elle-même. Et surtout, je n’avais pas ma conscience pour moi. Tous les soirs, j’essayais d’appeler John, et il ne répondait pas. Je m’y attendais, c’était son fichu caractère que je connaissais bien, et j’aurais été furieuse si je n’avais pas été aussi inquiète. Chaque soir pareil, le téléphone sonnait dans le vide. Et s’il s’était trompé dans ses prises malgré les piluliers ? Qui le trouverait ? L’aiderait ? D’autant qu’il ne laissait pas entrer l’infirmière. Le premier jour – le jour de mon départ – elle avait entendu derrière la porte le bruit d’une canne qu’on déplace, mais il ne lui avait pas ouvert. Je l’imaginais coller son œil au judas, voir l’infirmière par moi envoyée et retourner dans le canapé côté droit. Au bout de trois jours, elle avait renoncé.

Je me demandais s’il ne fallait pas appeler la police, mais John n’aurait pas du tout aimé ça. La concierge, autre fausse bonne idée, avec son bec venimeux et ses yeux de nuisance, elle colportait des menteries, toujours à sa loge, à vérifier les allées venues, à poser des questions sur les voisins et à insinuer, certaine depuis toujours qu’avec John nous vivions à la colle. Dernièrement, elle avait dénoncé un sous-locataire, et s’en vantait à tous. Elle ne m’avait jamais mise à l’aise, et pourtant j’aimais l’ordre moi aussi. Tellement nerveuse à la fin que j’ai appelé mon amie Pauline, en lui demandant d’aller y voir. Pauline était une compagne de pension, retrouvée quelques années plus tôt. On se voyait chez elle deux jeudis par mois pour jouer à la belote. Elle s’est rendue chez John White, ça faisait dix jours que j’étais à Deauville. Elle a sonné une première fois, il a fait le mort. Elle a insisté, appuyé au moins trois longues minutes d’affilée, elle commençait m’a-t-elle dit à en avoir l’index qui battait. Enfin, il a ouvert.

Elle a eu la peur de sa vie, elle a risqué sa tête, je travaillais, m’a-t-elle informée, pour un dangereux malfaiteur, dans quel guêpier l’avais-je fourrée. Elle s’est tue un peu au bout du fil, pour faire du suspense.



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