Brutes Ou Braves Gens by Antoine Follain

Brutes Ou Braves Gens by Antoine Follain

Auteur:Antoine Follain [Antoine Follain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: violence, Moyen Âge, histoire
ISBN: 9791034404490
Éditeur: Presses universitaires de Strasbourg
Publié: 2019-09-23T09:40:06+00:00


Auteurs

Antoine Follain

Professeur des universités, directeur de l’institut d’Histoire moderne de l’Université de Strasbourg et membre de l’EA 3400 Art Civilisation et Histoire de l’Europe (ARCHE).

Carole-Anne Papillard

Étudiante en licence Histoire de l’Art puis en master Histoire et civilisation de l’Europe (2009-2011).

« Force meurtres et assassinats » ?

Mesures et formes de la violence ordinaire à Paris au début de l’époque moderne

Diane Roussel

« Force meurtres, assassinats, voleries, excès, paillardises et toutes sortes de vices et impiétés règnent en cette saison extraordinairement. Insolences de laquais à Paris jusques aux meurtres, dont il y en eust de pendus ; faux monnayeurs pris et descouverts ; deux assassins qui avoient voulu assassiner le baron d’Aubeterre en sa maison, roués tous vifs en Grève ; un marchand venant à la foire tué d’un coup de couteau qu’on lui laisse dans la gorge, trouvé dans cet état le long des tranchées du faubourg Saint Germain, sans dix neuf autres qu’on trouve avoir été tous tués et assassinés en un seul mois dans les rues de Paris dont on a pu encore découvrir les meurtriers. Pauvre commencement d’année, nous menassant de pire fin, par la constitution du temps, si piteuse qu’elle semble pleurer nos péchés, au défaut de la crainte de Dieu, qui ne se trouve plus aujourd’hui entre les hommes. »

Mémoires-Journaux… de Pierre de l’Estoile, éd. Jouaust et Lemerre (1875), rééd. Paris, Tallandier, 1982, t. VIII, p. 308 : janvier 1606.

À sa manière, Pierre de L’Estoile dresse une sombre comptabilité du mois de À janvier 1606. La mort approchant, la dénonciation de la prolifération du crime et de l’impuissance de la police devient angoisse. Le goût du chroniqueur pour le macabre déployé dans les canards sanglants et les histoires tragiques donne une coloration particulièrement sinistre aux pages de ses Mémoires-Journaux, peuplées de « mauvais garçons », de « tire-manteaux » et autres voleurs et domestiques assassins. L’hybridation criminelle du vol et de la violence, née de la guerre de Cent Ans, obsède autant les bourgeois que la monarchie qui entend l’éradiquer par une législation répressive particulièrement rigoureuse1. Toutefois, les professionnels du crime, récidivistes et marginaux ainsi désignés, incarnent-ils l’état « réel » de la criminalité dans la capitale ? Sont-ils même responsables de l’essentiel de la violence ? De fait, Paris est une ville hors normes : monstre démographique – 300 000 habitants environ au milieu du xvie siècle – alimenté par une immigration soutenue, espace de fortes densités et d’habitat collectif imposant une promiscuité permanente, chaudron social sans cesse bouillonnant alors que le marché du travail et le marché matrimonial tendent à se fermer aux jeunes hommes en attente d’établissement. Est-elle pour autant la capitale du crime décrite par les chroniqueurs et les autorités ?

Confronter les discours de l’« insécurité » aux données d’une criminalité dite « réelle » est cependant loin d’aller de soi. Bien plus que l’éternel problème du « chiffre noir » de la criminalité, c’est-à-dire de l’invisibilité statistique des transgressions non enregistrées par l’institution, insurmontable pour l’historien2, la difficulté principale à utiliser les



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.