Brooklyn by Colm Tóibín

Brooklyn by Colm Tóibín

Auteur:Colm Tóibín [Tóibín, Colm]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782221124567
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2016-02-21T23:00:00+00:00


Au cours de la semaine suivante, dans la rue, pendant qu’elle se rendait de chez Bartocci à l’université de Brooklyn, il lui arrivait d’oublier ce qui la réjouissait ainsi ; elle croyait alors qu’une image de chez elle venait de la frapper à l’improviste ; puis elle s’apercevait, interdite, que son euphorie était uniquement due à la perspective du vendredi soir, au fait qu’un homme rencontré la semaine précédente viendrait la chercher et qu’elle irait au bal avec lui en sachant qu’il la raccompagnerait ensuite chez Mme Kehoe. Jusque-là, elle s’était efforcée de laisser l’Irlande hors de son champ de conscience, sauf quand elle écrivait aux siens ou recevait une lettre d’eux, ou quand elle se réveillait après un rêve où elle avait vu sa mère, ou son père, ou Rose, ou les pièces de la maison de Friary Street. Ainsi, lorsqu’elle se surprenait à savourer une perspective agréable, celle-ci était automatiquement associée dans son esprit à sa maison ou à sa famille. C’était étrange, pensa-t-elle.

Autour de la table de Mme Kehoe, le lâchage de Dolores par Eilis – auquel Patty avait assisté en direct et dont elle avait déjà informé les autres avant même le petit déjeuner du samedi – eut pour effet que tout le monde adressait de nouveau la parole à Eilis, y compris Dolores elle-même, qui jugeait ce lâchage parfaitement justifié dans la mesure où il avait eu pour résultat la rencontre avec un homme. Pour prix de cette indulgence, Dolores voulait juste tout savoir sur le nouveau boy-friend : son nom, pour commencer, et ensuite son occupation, et si Eilis avait l’intention de le revoir, et si oui, quand. Les autres pensionnaires, qui avaient examiné Tony sous toutes les coutures, le déclarèrent beau garçon, à ceci près que Mlle McAdam l’aurait souhaité un peu plus grand et que Patty n’aimait pas ses chaussures. Toutes le présumaient irlandais, ou d’origine irlandaise, et toutes supplièrent Eilis de leur en dire plus. Qu’avait-il bien pu lui raconter pour qu’elle danse avec lui toute la deuxième partie de la soirée ? Avait-elle l’intention de retourner au bal le vendredi suivant ? Pensait-elle le revoir là-bas ?

Le jeudi soir, alors qu’elle montait se préparer un thé à la cuisine, Eilis tomba sur Mme Kehoe.

— Il y a beaucoup d’écervelées dans la maison en ce moment, dit celle-ci. Cette Diana a une voix épouvantable, Dieu lui vienne en aide. Si elle glousse encore une fois, je vais devoir appeler le médecin, ou peut-être le vétérinaire, pour qu’il lui fasse avaler un calmant.

— C’est la perspective du bal, je crois, répondit sèchement Eilis.

— Eh bien, je vais conseiller au père Flood de prêcher un sermon sur les méfaits de la frivolité. Peut-être en profitera-t-il pour aborder en même temps deux ou trois autres sujets.

Là-dessus, Mme Kehoe quitta la cuisine.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.