Bronze et Tournesol by Cao Wenxuan

Bronze et Tournesol by Cao Wenxuan

Auteur:Cao, Wenxuan [Cao, Wenxuan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Chinoise
Éditeur: Blondie - La Gang
Publié: 2011-07-23T22:00:00+00:00


3

Les dettes contractées pour la construction de la maison devaient être payées ; un délai avait été fixé. Le père de Bronze était un homme de parole. Les racines de lotus avaient été cueillies et vendues à bon prix. Les raves avaient été ramassées et vendues à peu près au prix escompté. Il restait la sagittaire. Ces temps-ci, le père se rendait souvent au champ de sagittaires. Il ne voulait pas les cueillir maintenant et patienter jusqu’à l’approche du nouvel an. A Damaidi, certaines choses se mangeaient obligatoirement au nouvel an, comme les patates douces ou le céleri, ou encore la sagittaire. Il voulait donc attendre le moment propice pour aller les vendre à Youmadi et pouvoir en tirer un bon prix. Il se servirait de l’argent pour finir de rembourser les dettes et pour acheter un peu de tissu, de quoi confectionner de nouveaux vêtements aux enfants pour la nouvelle année. Dans la famille de Bronze, grand-mère, le père et la mère comptaient ainsi jour et nuit l’argent nécessaire aux besoins de chacun.

Le père avait déjà plongé la main dans la boue pour tâter les bulbes. Ils étaient gros et bien ronds, agréables à sentir sous les doigts. Il n’en avait retiré aucun, chaque bulbe demeurerait dans la boue, se développerait jusqu’au moment voulu ; il assécherait alors le champ, les extirperait un à un, les déposerait dans un panier et irait les laver. Il se voyait déjà en train de transporter les bulbes vers Youmadi. « Voilà une marchandise d’excellente qualité ! » Il entendait même les louanges des passants : « Ça, c’est vraiment de la sagittaire ! »

Toute la famille de Bronze accordait une grande importance à ce champ.

Tandis que le père en revenait, il vit un jour des canards sur le fleuve, et s’en effraya subitement : « Comment ai-je pu oublier les canards ? Ils adorent la sagittaire ; très habiles pour en dénicher les pousses, ils enfoncent leur long bec plat dans la boue et, le postérieur en l’air, continuent à l’enfoncer jusqu’à atteindre la terre dure. Ils sont capables de dévorer en un rien de temps tous les bulbes de mon champ ! » Le père en eut des sueurs froides. « Heureusement, ça n’est pas encore arrivé ! »

De retour à la maison, il fabriqua des épouvantails qu’il emmena aussitôt au champ. Puis, avec une corde qu’il attacha aux arbres alentour, il fit une clôture sur laquelle il accrocha une dizaine de bottes d’herbes. Lorsque le vent soufflait, les bottes oscillaient. Mais le père n’avait pas encore l’esprit tranquille, aussi décida-t-il que chacun viendrait garder le champ à tour de rôle, jusqu’à la récolte.

Un dimanche après-midi, Tournesol s’y rendit pour faire le guet.

Le père et la mère étaient partis très loin avec d’autres villageois pour creuser un canal ; grand-mère était restée à la maison pour faire la cuisine, s’occuper du cochon et des moutons, tandis que Bronze faisait paître le buffle dans la roselière tout en ramassant des épis. Ils



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