[Bob morane 101] la piste de l'ivoire by Henri Vernes

Auteur:Henri Vernes [Vernes, Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2012-08-26T22:00:00+00:00

Chapitre VIII

Pour la centième fois peut-être, Bob Morane et ses compagnons avaient regardé par les fentes des bambous, pour se rendre compte de ce qui se passait dans le village. Une animation grandissante y régnait. Comme le soir approchait, on avait allumé un grand feu et des tambours de peau étaient venus ajouter leur vacarme rythmé à celui du grand tam-tam creusé dans un tronc d’arbre. Sporadiquement, les chants commençaient à retentir, et il était évident que l’abus de vin de palme était pour beaucoup dans cette frénésie grandissante.

— Aucune erreur, dit Morane, la fête est pour ce soir. Zourk paraît disposé à ne pas perdre de temps.

— Et il est probable que nous prendrons part aux réjouissances, enchaîna Bill, et pas du bon côté de la barricade.

— Aucun doute là-dessus, approuva Kircher. Regardez là-bas.

Le conservateur désignait l’extrémité la plus éloignée de la place centrale où trois poteaux, distants de deux mètres l’un de l’autre, venaient d’être dressés.

— Trois poteaux, et nous sommes trois, commenta Morane, Cela fait le compte.

— J’aurais aimé que vous sachiez moins bien compter, commandant, fit Ballantine. Mais vous avez toujours été fort en mathématiques.

— Si seulement nous avions des armes…, commença Kircher.

— Bien sûr, coupa Bob, mais nous n’en avons pas et je ne vois pas très bien comment nous pourrions nous en procurer.

— Pourquoi ne pas arracher cette porte ? proposa Bill. J’y arriverai en un tour de main. Ensuite, nous foncerions après avoir assommé la sentinelle.

L’Écossais était né sous le signe du Bélier et il avait tendance à y aller tête baissée. Morane, lui, était natif de la Balance : il commençait par réfléchir, pas longtemps, et fonçait ensuite. Alors, il savait être plus dur et plus efficace que n’importe qui. Pour le moment cependant, la prudence l’emporta chez lui sur la témérité.

— Nous n’aurions aucune chance, Bill, et tu le sais bien. Avant même d’avoir parcouru vingt mètres, nous serions percés de sagaies. Il nous faut trouver autre chose. Au point où nous en sommes, le courage ne nous servirait à rien.

— Alors, la ruse, commandant ?

— Oui, la ruse, Bill.

Pour l’instant cependant, Morane ne possédait encore aucune idée quant à l’astuce qui pourrait leur sauver la mise à tous trois.

La nuit tomba et la lueur du foyer jeta ses touches fulgurantes sur le décor, changeant chaque forme humaine, tantôt en une silhouette opaque, tantôt en un démon embrasé. Bientôt les sorciers, qui devaient présider aux réjouissances, apparurent. Au nombre d’une douzaine, ils portaient de longues robes de paille et étaient coiffés de masques de léopards en écorce couronnés de plumes rouges, en tous points semblables à ceux qui se trouvaient dans la case. Il était évident que l’instant où la cérémonie entrerait dans sa phase finale approchait.

— Il nous faut trouver quelque chose, dit Kircher à mi-voix. Sinon, nous sommes cuits. Sans doute ne tardera-t-on plus à présent à venir nous chercher…

À travers les fentes de la porte, Morane contemplait les sorciers masqués, dressés dans la lumière du foyer et, petit à petit, dans sa cervelle inventive, tout un mécanisme se déclenchait, rouage par rouage.

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