[Bob Morane-036] L'Ennemi invisible by Vernes Henri

Auteur:Vernes,Henri
La langue: fra
Format: mobi
Tags: Jeunesse
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1959-01-27T16:39:25+00:00

Chapitre VIII

— Après vos recherches à la Bibliothèque nationale, commandant Morane, commença le professeur Mars, vous en connaissez assez en ce qui concerne mes travaux sur la structure de l’atome pour que je m’attarde à un trop long exposé. Vous savez également que mes recherches, au cours de ces dernières années, se sont concrétisées surtout sur l’étude de l’espace intra-atomique que je considérais, contrairement à l’opinion de mes confrères du monde entier, comme pouvant être contracté ou dilaté en rapprochant ou en éloignant les électrons du noyau central.

Au moment où le professeur Mars parlait ainsi, Justinien était revenu, ayant découvert dans la Jaguar l’homoncule capturé par Morane, qui voyait ainsi sa tentative de bluff réduite à néant. Rien n’empêchait donc le physicien, qui ne se sentait plus menacé, de passer aux confidences. Surtout que, visiblement, il paraissait charmé dans son orgueil de savant de trouver enfin un auditeur attentif, sinon amical.

— En contractant ou en dilatant ainsi l’espace intra-atomique, continuait Mars, il devenait possible de réduire ou d’augmenter le volume des choses et des êtres. Considérez les avantages d’un tel procédé ! Pour transporter plus aisément des objets encombrants, il suffirait de les rétrécir pour, ensuite, leur rendre leur volume normal. Il serait possible également de créer des races de nains, ou de géants qui, néanmoins, le nombre d’atomes demeurant constant garderaient leur poids d’êtres normaux.

« Bien entendu, de tels projets furent considérés comme chimériques, du moins dans l’état actuel de la science. Pourtant, certaines expériences personnelles m’avaient fortifié dans la certitude d’un résultat probant. Sans me soucier davantage de l’avis de mes confrères, je continuai, dans le plus grand secret, mes expériences. Celles-ci durèrent trois longues années au cours desquelles, pour subvenir à mes frais de laboratoire, qui se révélèrent fort élevés, j’engloutis la presque totalité de ma fortune. Ce sacrifice devait cependant porter ses fruits. Au début de cette année en effet, j’étais parvenu à des résultats tangibles. En soumettant certains objets à différentes influences d’ordre physique, j’avais réussi à les réduire, puis à leur rendre leur taille initiale. Comme vous le devinez, mon ambition était d’appliquer mon procédé à des êtres vivants, et surtout à un homme. Après différents essais infructueux sur des animaux qui, tous, moururent, je parvins à réduire un de mes chats favoris à la taille d’une souris, puis à lui rendre ses dimensions originales sans qu’il en souffrît le moins du monde. Je tentai alors une expérience sur un homme, en l’occurrence mon fidèle Justinien. Comme j’étais, et suis encore, collectionneur de soldats de plomb, je le réduisis à cette taille pour ensuite, lui restituer ses proportions normales. Ainsi que vous pouvez vous en rendre compte, Justinien n’en souffrit pas le moins du monde, puisqu’il est là, bien vivant, devant nous.

« Ces dernières expériences terminées, j’étais complètement ruiné mais, par contre, je possédais une réelle puissance, tant sur le plan humain que scientifique. On s’habitue très vite à la puissance, commandant Morane, et surtout aux avantages qu’elle procure. J’avais trouvé le moyen de réduire des hommes.

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