Blue Gold (fr) by Stewart Elizabeth

Auteur:Stewart, Elizabeth [Stewart, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Juvenile Fiction, General
ISBN: 9782747076081
Google: K_kiDgAAQBAJ
Éditeur: Bayard Jeunesse
Publié: 2017-02-14T23:00:00+00:00

Sylvie

Afrique

La jeep cahotait le long de la piste. Fiston se mit à ­chantonner une berceuse qui parlait d’une pirogue sur une rivière. Sylvie se souvint que Mama, quand elle était encore heureuse, la lui chantait dans son enfance. Olele, olele, le courant est fort. La voix de Fiston, étonnamment douce, contrastait avec son physique massif. Sylvie était assise à l’avant, le couteau sur les genoux, tandis que Pascal boudait à l’arrière. Sans les soucis qui lui rongeaient l’esprit, elle aurait trouvé la chanson réconfortante.

– Je sais que vous ne pouvez pas me dire ce qu’Olivier fait pour monsieur Kayembe, mais je voudrais au moins savoir si c’est dangereux, dit la jeune fille une fois qu’ils eurent franchi la grille d’entrée de Nyarugusu.

Changeant de position, le gros homme réfléchit quelques instants avant de répondre :

– Olivier est en compagnie de combattants expérimentés, mais tout est dangereux au Kivu. Les Chinois veulent acheter le coltan et les Canadiens veulent le vendre. Monsieur Kayembe se trouve entre les deux et il essaie de faire du business, comme les Maï-Maï, les Rwandais et d’autres rebelles.

– Les Canadiens ? répéta Sylvie, étonnée. Qu’est-ce qu’ils ont à voir là-dedans ?

– Ils possèdent beaucoup de grosses sociétés minières. Parfois, les étrangers ont besoin d’une milice qui fasse le sale boulot à leur place.

– Quel genre de sale boulot ?

Fiston klaxonna pour avertir des réfugiés qui marchaient le long de la piste.

– Poussez-vous ! Vous voulez vous faire écraser ou quoi ?

– Vous voulez dire comme l’exécution de mon père par les Maï-Maï ? insista Sylvie en surveillant la réaction de Fiston.

Ce dernier lui lança un regard d’avertissement.

– Tu es une fille intelligente, Sylvie ! Tu sais qu’il n’est pas sage de poser trop de questions.

Puis il poursuivit, sur un ton de plaisanterie enjouée :

– Où votre carrosse doit-il vous déposer ? Vous résidez dans la Zone 3, n’est-ce pas ?

– Vous voulez bien nous déposer à la clinique de la Zone 3 ?

– À votre service, mademoiselle.

Sylvie passa le reste du trajet à se demander si les allégations de Fiston étaient vraies, si les Canadiens étaient impliqués d’une façon ou d’une autre dans le malheur qui avait frappé sa famille et des milliers d’autres Congolais. Mélissa lui avait parlé du site Internet de son ami Alain, qui suivait de près les agissements des sociétés minières au Congo, mais elle ne lui avait pas dit que ces compagnies étaient canadiennes.

Lorsqu’ils arrivèrent à la clinique, le gros homme lança un regard grave à Pascal.

– Et maintenant, tu vas écouter ta sœur et rentrer sagement à la maison, sinon tu auras affaire à Fiston.

– Oui, murmura le garçonnet.

Il avait visiblement peur de lui, mais Sylvie comprit qu’il boudait encore parce qu’il avait été arraché à ses nouveaux amis.

– Merci, dit-elle.

Fiston la salua d’un signe de tête et sa jeep s’éloigna dans un nuage de poussière. Sylvie se tourna vers Pascal et lui tendit le couteau de cuisine :

– Rentre et donne ça à Mama. Dis-lui que je ne tarderai pas.

– Tu vas faire quoi ?

– Ça ne te regarde pas. File tout droit à la maison ou

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