Bienvenue au club by Jonathan Coe

Bienvenue au club by Jonathan Coe

Auteur:Jonathan Coe [Coe, Jonathan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature anglaise
ISBN: 9782072451034
Google: MESYku3uDGoC
Éditeur: Gallimard
Publié: 2011-06-14T22:00:00+00:00


10

Cinq jours plus tard, quand Philip lui posa LA question, Benjamin fut bien obligé de reconnaître qu’il ignorait la réponse.

« Alors… tu sors avec Cicely ?

— Je ne crois pas », répliqua Benjamin avant de tendre un doigt afin de déterminer la direction du vent, dans un effort dérisoire pour couper court à l’interrogatoire.

« Comment ça, tu ne crois pas ? s’écria Philip incrédule. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est pourtant pas compliqué : soit c’est ta copine, soit c’est pas ta copine.

— Alors, c’est pas ma copine. » Il n’avait pas la moindre idée de la direction du vent. Il lui semblait vaguement qu’il fallait lécher son doigt avant de le tendre, mais il n’avait jamais compris pourquoi. D’ailleurs, en y réfléchissant, il n’y avait même pas de vent. « Je crois que l’est se trouve par là, ajouta-t-il à l’aveuglette en désignant le sentier boueux.

— Alors qu’est-ce qu’elle voulait dire ? insista Philip. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par son “J’imagine qu’on va se revoir” ?

— Je pense que ça voulait juste dire que… qu’on allait forcément se croiser, sauf accident. » En vérité, il n’avait aucune idée de ce qu’avait voulu dire Cicely, et ça l’exaspérait que Philip s’en doute. « Écoute, tu crois pas que ça serait plus utile — au lieu de rester là à discuter de mes amours, ou de mes amours inexistantes — d’essayer de savoir où on est ? »

C’était un mercredi après-midi, jour de l’expédition hebdomadaire « Pratiquer la marche », qui se déroulait selon un scénario déjà proverbial. Non seulement ils avaient réussi à se perdre au bout de cinq cents mètres, mais en essayant de reconnaître divers chemins possibles et de rassembler les traînards qui s’étaient presque aussitôt évanouis dans la nature, le groupe s’était arrangé pour se disloquer. À présent Philip et Benjamin étaient tout seuls sur un petit sentier quelque part aux environs du réservoir d’Upper Bittell, et cela faisait une demi-heure qu’ils avaient perdu de vue le malheureux M. Tillotson et sa carte des environs, un bout de papier en lambeaux célèbre pour sa géographie approximative.

« C’est vraiment trop de boulot, dit Philip après avoir laborieusement couvert une bonne vingtaine de mètres. On va faire une pause et se rafraîchir un peu. »

Un échalier providentiel s’offrait justement aux regards. Ils s’assirent chacun d’un côté, Benjamin face au sentier, Philip avec une vue imprenable sur de grands pâturages, vert-jaune au soleil, et parsemés de frisonnes qui ruminaient avec satisfaction. Il ouvrit son sac US, en sortit une grosse pile de sandwiches au fromage enveloppés dans du papier alu et en tendit un à Benjamin. Ils ouvrirent une canette de Guinness et la partagèrent, grimaçant à chaque gorgée de liquide huileux, épais, doux-amer.

« Rien ne vaut un peu d’exercice, pas vrai ? dit Philip après quelques minutes passées à manger et à boire en silence. Ça raffermit les muscles. On se sent en pleine forme. »

Benjamin s’était détendu sous l’effet du soleil, des sandwiches et de l’alcool. Il était prêt à considérer avec détachement les propos ambigus de Cicely.



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