Biblio Circus by Serge Guerout

Biblio Circus by Serge Guerout

Auteur:Serge Guerout
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: 5 sens éditions
Publié: 2017-06-24T14:01:56+00:00


Chapitre 11

Un mot de Sydlowski l’attendait sur son bureau : « C’est pour ce soir. Huit heures sur la place. Ne vous approchez pas trop. »

Le bibliothécaire envoya un SMS au physicien, qui rappliqua le soir tombé, ayant troqué sa chemisette à fleurs contre un T-shirt à l’effigie célèbre de son homonyme tirant la langue. « À cause du jaune fluo, dit-il. Les tournesols seraient un peu trop visibles sous le lampadaire du métro. » Simon Zebouc objecta qu’Einstein en short et tirant la langue n’était pas non plus de la plus grande discrétion, à quoi le physicien répondit que tous ses T-shirts étaient à fleurs ou tiraient la langue. Ils sortirent du campus par les sous-sols, où les longs couloirs avec leurs tuyauteries calorifugées ressemblaient aux coursives d’un immense navire.

– La grille du parvis doit être fermée à cause de la manifestation de cet après-midi, expliqua Simon, on va emprunter la sortie par les garages.

– Celle qui ressort en rase campagne loin du donjon ? ironisa le Canadien. Il ne vous manque qu’un pont-levis au-dessus des douves. Pourquoi diable vos campus offrent-ils toujours l’aspect de châteaux forts ? À Québec…

– À Québec, les étudiants ne partent pas en manif tous les trois mois, coupa Zebouc. Celle de cet après-midi a dû être un peu chaude, d’où le bouclage du campus.

Sur la place, une colonne de fourgons de CRS stationnait en retrait le long de la rue Linné. Le parvis de la fac, point de départ de la manifestation étudiante au début de l’après-midi, était encore jonché de tracts, mais on sentait que l’agitation s’était déplacée ailleurs, quelque part vers le ministère de l’éducation ou l’Assemblée nationale. Einstein et Simon s’assirent à l’écart sur un banc, un œil sur le cercle des clochards qui s’était refermé autour de Sa Majesté, l’autre sur le petit vélo appuyé contre la boutique du marchand de journaux.

– Quatre qui dorment, marmonna Zebouc. Ceux-là, je ne les crains pas. Ce sont les quatre autres qui m’inquiètent. Ils m’ont bien l’air d’avoir reconnu Sydlo.

La fraîcheur du soir était tombée sur la place, où l’odeur des marrons grillés tous proches leur donnait l’illusion d’être au chaud. Tout autour, les étudiants se retrouvaient par petits groupes, lisaient des messages sur leur téléphone portable, ou bien se saisissaient d’un journal gratuit et s’engouffraient dans l’escalier du métro. Dans une petite heure les lieux seraient déserts, les clochards serrés sous leur duvet, et on leur donnerait à peine forme humaine sur la bouche de chaleur.

– Vous avez vu ? fit Einstein en secouant le bibliothécaire par l’épaule.

– Quoi ?

– Le type qui vient de se lever sur la grille. Un blond, cheveux en brosse, assez jeune, type nordique ou Europe de l’Est.

– Il n’était pas là l’autre soir, dit Simon. Je l’aurais repéré. Plutôt souple pour un clochard.

– Et regardez, Simon, comme il va et vient les poings serrés derrière Sydlo. Je veux bien être pendu si ce n’est pas à cause de l’entrée en matière qu’il vient de leur servir.



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