Berlioz. Le roman du romantisme by Pierre-Jean Remy

Berlioz. Le roman du romantisme by Pierre-Jean Remy

Auteur:Pierre-Jean Remy [Remy, Pierre-Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Albin Michel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Rarement le jeu d’allées et venues entre l’écriture et la musique, entre musiciens et écrivains, n’a été aussi manifeste qu’en ces premières années du romantisme. Trois quarts de siècle plus tard, les symbolistes pratiqueront le même exercice d’emprunts de l’un à l’autre, d’illustrations de l’un par l’autre. C’est avec une véritable ivresse que s’y livre chacun des protagonistes de cette aventure qu’est la vie de Berlioz, tel Joseph d’Ortigue dans son Balcon de l’Opéra, où c’est tout le monde de la musique de son temps que le fidèle compagnon de notre héros raconte en même temps qu’il tisse à ce dernier sa première vraie couronne. En sens inverse, et reprenant à son compte la pratique qui existe déjà en Allemagne, celle d’un E.T.A. Hoffmann, compositeur non négligeable qui passa à la postérité surtout pour ses contes, souvent d’inspiration musicale, Berlioz compositeur ne néglige pas non plus la fiction en prose. À cet égard, l’année 1834 est capitale. Déjà dans l’épisode de « Vicenza », le jeune modèle romain maîtresse d’un pensionnaire de la Villa, il avait volontairement transformé une aventure un peu triste en véritable drame, digne, en plus populaire, des Chroniques italiennes stendhaliennes. C’est pendant l’été 1834 qu’il publie en trois fois, dans La Gazette musicale de Paris, son « Suicide par enthousiasme ». Ces articles constituent à eux trois une véritable nouvelle, annoncée comme telle, digne des pages les plus curieuses d’Hoffmann. Pour la première fois, Berlioz s’exerce ici à un genre nouveau où, d’un coup, il se révèle excellent. Il s’en rendra si bien compte que c’est toujours sous le signe d’Hoffmann qu’il réunira ses « nouvelles musicales » dans l’un des volumes les plus drôles, les plus enchanteurs qu’ait publiés toute la littérature romantique. Ce seront Les Soirées de l’orchestre, déjà évoquées lors de sa « carrière honteuse » au Théâtre des Nouveautés. L’imagination galopante de Berlioz – qui sait aussi flâner en route – inventera les récits en forme de contes et de nouvelles que se racontent des musiciens entassés dans leur fosse d’orchestre pendant les interminables représentations d’œuvres médiocres pour lesquelles ils doivent bien, entre deux remarques, un récit et une « demi-tasse » rapportée de chez le concierge, donner de-ci de-là un coup d’archet ou souffler dans leur flûte ou leur clarinette.

D’une manière plus générale, et cette fois c’est le procédé d’un Stendhal qu’il reprend, même s’il n’apprécie guère l’auteur, l’écriture critique de Berlioz est tout enveloppée de souvenirs personnels, de notations à côté du sujet que seuls les initiés peuvent comprendre. Le miracle de cette écriture-là, c’est que, forte des milliers d’articles publiés sur plus de trente années, elle est celle d’un musicien qui s’amuse en écrivant de la prose. Qui s’amuse et qui enrage, qui se venge, qui se bat.

Il faut parler sérieusement du Berlioz critique qui achève de voir le jour. Avec ses injustices. Avec ses haines. Avec son ignorance aussi : flagrante. Il a des jugements à l’emporte-pièce d’une désolante méchanceté. Il ne s’intéresse pas à Bach, dit-il en quelques mots.



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