Audiard en toutes lettres by Philippe Durant

Auteur:Philippe Durant [Durant, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: biographie, cinéma
ISBN: 9782749131962
Google: TZcBAgAAQBAJ
Éditeur: LE CHERCHE MIDI
Publié: 2013-11-20T23:00:00+00:00

MAUVAISE FOI

Jean Gabin disait de Michel Audiard qu’il était une « poignée de flotte », façon à lui d’expliquer qu’on ne pouvait guère lui faire confiance. Jean Carmet ajoutait que son ami était le « roi de la mauvaise foi », travers qu’il avait érigé au niveau des beaux-arts.

Le dialoguiste était certes un homme de paroles, mais pas forcément un homme de parole. Il manifestait un don pour raconter n’importe quoi afin de se tirer des pires situations et, la plupart du temps, de camoufler le fait qu’il n’avait pas terminé le travail pour lequel il avait déjà été payé, voire qu’il ne l’avait pas commencé. Tout pouvait y passer, de la coupure d’électricité à la catastrophe nucléaire, de l’incompétence d’Untel aux coups du sort. Tout, du moment que la faute était rejetée sur autrui ou sur ailleurs. « Une des choses curieuses, à propos du travail de Michel, témoigna son compagnon d’écriture Albert Simonin, est l’espèce de persécution dont il est victime de la part de la poste. Des plis contenant d’importants fragments de scénario se trouvent mystérieusement égarés alors que tout le monde les attend avec impatience ! »

Ce petit défaut marqua l’auteur dès ses débuts. Du temps de ses premiers films, alors appointé par le réalisateur André Hunebelle, Audiard multipliait déjà les prétextes à la moindre occasion. « Michel n’était jamais à l’heure, raconta Jacques Garcia, collaborateur d’Hunebelle. Quand il arrivait en retard au bureau, il trouvait toujours des excuses incroyables. Un jour qu’on l’attendait pour une réunion de travail, il est arrivé avec deux heures de retard. Lorsqu’il est enfin apparu, je me souviens l’avoir entendu dire : “Il y a eu une fuite de gaz dans ma rue, tout a pété. Le quartier est sens dessus dessous. J’ai échappé au pire !” Hunebelle, qui était intransigeant, aurait pu se mettre en colère, mais c’était tellement drôle ! »

À force de pirouettes, de reports, de délais et de diverses jongleries, Michel réussissait à rendre sa copie à la date limite. Souvent juste avant, mais parfois juste après. Personne ne lui en voulut vraiment. D’abord parce que sa mauvaise foi était légendaire, ensuite parce que ladite copie regorgeait de bons mots, enfin parce que ses prétextes se révélaient souvent hilarants. Ceux qui en pâtissaient le plus étaient, en réalité, ses coauteurs, obligés de passer derrière lui ou de combler des trous.

Michel avait fait siennes ces devises : « S’il n’était pas plus pénible encore de dire la vérité, comme on s’en voudrait de mentir » (Elle et moi) et « La vérité n’est jamais amusante à dire ; sans ça tout le monde la dirait » (Les Barbouzes).

Mauvaise foi renforcée par le fait qu’il était dans l’incapacité chronique de dire non. Prêt à accepter six scénarios dans la semaine, sachant pertinemment qu’il ne pourrait plancher, au mieux, que sur un ou deux. Prêt à annoncer des délais infaillibles et des délires implacables, en faisait mine d’oublier qu’il était déjà en retard sur divers travaux d’écriture. « Chaque fois qu’on me propose un film, je dis oui, confirma Audiard.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.