Au sentiment [V2] by Brown Carter

Au sentiment [V2] by Brown Carter

Auteur:Brown,Carter [Brown,Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier Humour
Éditeur: Gallimard
Publié: 2014-07-18T00:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Rudi se glisse au volant de la Porsche rouge avec des précautions exagérées.

— On dirait que vous m’avez sauvé la vie, lieutenant, dit-il.

Et moi de répliquer avec modestie :

— Inutile de me remercier.

— J’allais simplement ajouter, reprend-il froidement, que la prochaine fois, j’espère, vous utiliserez une méthode moins brutale !

Il démarre pleins gaz et le cabriolet-sport, d’un bond, s’échappe de la Cour des Rêves en laissant une odeur de caoutchouc brûlé dans son sillage. Je demeure un moment immobile à écouter les quatre dernières mesures du thème musical du soldat de fortune, puis je retourne dans l’appartement.

Ben Luther, assis sur le divan, a un verre à la main et un air mélancolique au fond des yeux. Camille est occupée à nous préparer des verres. Elle porte un polo-shirt de laine à rayures noires et blanches et un short assorti qui lui donnent un petit air de femme pirate.

Je prends le verre qu’elle me tend et me tourne vers Luther. Son visage est jaunâtre ; il ne s’est pas encore remis du coup qu’il a éprouvé en s’apercevant qu’il avait bien failli torpiller ses propres placements.

— Je pourrais vous écrouer pour tentative de meurtre, dis-je.

— Je sais, lieutenant, marmonne-t-il. Je devais avoir perdu la tête.

Je reprends :

— Voudriez-vous avoir l’obligeance d’éclairer un peu ma lanterne ? Mais si vous me faites le coup de l’impulsion subite et inexplicable, vous vous retrouverez derrière les barreaux d’ici un quart d’heure ou moins encore.

Il secoue la tête avec lenteur.

— Je croyais que c’était Harkness, dit-il simplement.

— Oh ! parfait ! Voilà qui explique tout !

Il boit une gorgée de scotch. Entre autres avantages, la cave à liqueur de Camille renferme encore une bouteille pour remplacer celle que Luther a bousillée de façon si inconsidérée.

— Vous comprenez, lieutenant, reprend Luther, Harkness a tué cette fille… la secrétaire.

— Harkness ? fais-je. Vous avez une preuve de ce que vous avancez ?

— Je le sais, dit-il sèchement.

— Une intuition ?

Luther farfouille dans ses poches, finit par trouver un paquet de cigarettes et en allume une.

— Je peux vous expliquer pourquoi il l’a tuée, fait-il. Je crois que vous vous rangerez à mon avis, lieutenant, quand j’aurai terminé.

— Espérons.

Il aspire une profonde bouffée de fumée.

— Don Harkness est producteur de films. Vous le savez, je suppose. Producteur indépendant. Cela signifie qu’il fait un film quand il peut trouver un appui financier. Ses deux derniers films étaient bons, mais ils n’ont eu aucun succès auprès du public parce qu’il n’avait pas de vedettes connues.

— Vu, dis-je. Ensuite ?

— Il est donc venu me proposer de faire un nouveau film, avec Rudi Ravell et Judy Manners comme vedettes, poursuit Luther. Avec ces deux noms-là, le film partait gagnant à coup sûr. Je lui ai dit que, s’il pouvait me garantir qu’ils joueraient dans le film, je le financerais à concurrence de deux cent mille dollars. Une fois qu’il aurait cette somme, les banques lui fourniraient le reste.

— Oh ! monsieur Luther, intervient Camille d’une voix rêveuse, c’est presque indécent,



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