... Au Mont-Blanc by Horace Benedict de Saussure

... Au Mont-Blanc by Horace Benedict de Saussure

Auteur:Horace Benedict de Saussure [Saussure, Horace Benedict de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai/Relation de Voyage
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2017-04-07T19:01:52+00:00


CHAPITRE VIII

Hospice du Grand-Saint-Bernard

Il est intéressant de voir, dans les jours de grand passage, tous ces bons religieux empressés à recevoir les voyageurs, à les réchauffer, à les restaurer, à soigner ceux que la vivacité de l’air ou la fatigue ont épuisés ou rendus malades. Ils servent avec un égal empressement et les étrangers et leurs compatriotes, sans distinction d’état, de sexe ou de religion ; sans s’informer même, en aucune manière, de la patrie ou de la croyance de ceux qu’ils servent : le besoin ou la souffrance sont les premiers titres pour avoir droit à leurs soins. Mais c’est surtout en hiver et au printemps que leur zèle est le plus méritoire, parce qu’il les expose alors à de grandes peines et à de très grands dangers. Dès le mois de novembre, jusqu’au mois de mai, un domestique de confiance, qui se nomme le maronnier, va jusqu’à la moitié de la descente au-devant des voyageurs, accompagné d’un ou deux grands chiens, qui sont dressés à reconnaître le chemin dans les brouillards, dans les tempêtes et les grandes neiges, et à découvrir les passagers qui se sont égarés. Souvent les religieux remplissent eux-mêmes cet office pour donner aux voyageurs des secours temporels et spirituels : ils volent à leur aide toutes les fois que le maronnier ne peut pas seul suffire à les sauver ; ils les conduisent, les soutiennent, quelque fois même les rapportent sur leurs épaules jusque dans le couvent. Souvent ils sont obligés d’user d’une espèce de violence envers les voyageurs, qui, engourdis par le froid et épuisés par la fatigue, demandent instamment qu’on leur permette de se reposer ou de dormir un moment sur la neige ; il faut les secouer, les arracher de force à ce sommeil perfide qui les conduirait infailliblement à la congélation et à la mort. Il n’y a qu’un mouvement continuel qui puisse donner au corps une chaleur suffisante pour résister à l’extrême rigueur du froid. Lorsque les religieux sont obligés d’être en plein air dans les grands froids, et que la quantité de neige les empêche de marcher assez vite pour se réchauffer, ils frappent continuellement leurs pieds et leurs mains contre les grands bâtons ferrés qu’ils portent toujours avec eux ; sans quoi ces extrémités s’engourdissent et se gèlent sans que l’on s’en aperçoive.

Malgré tous leurs soins, il ne se passe presque pas d’hiver où quelque voyageur ne meure, ou n’arrive à l’hospice avec des membres gelés. L’usage des liqueurs fortes est extrêmement dangereux dans ces moments-là, et cause souvent la perte des voyageurs ; ils croient se réchauffer en buvant de l’eau-de-vie, et cette boisson leur donne en effet pour quelques moments de la chaleur et de l’activité ; mais cette tension forcée est bientôt suivie d’une atonie et d’un épuisement qui deviennent absolument sans remède.

C’est aussi dans la recherche des malheureux passagers qui ont été entraînés par les avalanches et ensevelis dans les neiges que brillent le zèle et l’activité des bons religieux. Lorsque les victimes



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