Au Château De L'Ogre (Récits Et Témoignages) by Marie-France Bokassa

Au Château De L'Ogre (Récits Et Témoignages) by Marie-France Bokassa

Auteur:Marie-France Bokassa [Bokassa, Marie-France]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782081428997
Goodreads: 44079915
Éditeur: Arthaud
Publié: 2019-02-14T23:00:00+00:00


XX

L’innocence bafouée

Entre dix et treize ans, ma vie n’a pas été très heureuse. J’ai toujours fait bonne figure, mais il m’était parfois difficile de refréner les larmes.

Un jour où le temps était clément, mon père avait prévu un barbecue en famille. Mon demi-frère m’a demandé avec insistance de l’accompagner au supermarché. Nous n’étions pas seuls, notre frère Jean-Sébastien était avec nous. Je n’aurais jamais pu imaginer la suite. Nous sommes montés dans sa voiture stationnée dans le jardin de la propriété. Marie-Angélique, Élodie, Marie-Séverine et Jean-Christophe étaient au fond du parc, ils cueillaient des fruits pour le dessert. Dans le véhicule, Jean-Sébastien s’est installé côté passager. L’autre conduisait et je me trouvais à l’arrière. Lorsque nous sommes arrivés sur le parking du grand magasin, il a invité mon frère à descendre pour faire les courses en lui tendant une liste. Nous le rejoindrions quelques minutes plus tard. Dès que Jean-Sébastien eut disparu dans le magasin, il a engagé la marche arrière et s’est déplacé dans un coin du parking. Une fois le véhicule garé à l’écart, il a verrouillé les portes. Il s’est tourné vers moi et, en murmurant, a quémandé un bisou.

Au début je n’ai pas compris.

À cet instant, j’ai traduit sa question par : « Tu veux un bijou ? » Cela me semblait étrange, j’ai tendu l’oreille en le priant de répéter sa phrase. Tout en s’appliquant à articuler, il m’a tendu ses lèvres. Comprenant alors ses intentions, je me suis retrouvée un instant tétanisée puis, refusant ses avances, j’ai exigé de rejoindre Jean-Sébastien. Craignant sans doute que je me mette à crier s’il insistait, mon demi-frère a accepté d’ouvrir les portes et de me laisser tranquille.

De retour au château, j’ai posé les courses dans la cuisine. La famille se trouvait à l’extérieur. Mon père entretenait la braise. J’étais seule à laver les légumes achetés un peu plus tôt. Je préparais une salade de crudités quand cet obsédé est revenu pour se coller dans mon dos, et a commencé à se frotter contre mes fesses et sur l’arrière de mes cuisses. Il a ensuite posé ses mains sur mes seins. Je me suis mise à trembler. J’aurais voulu hurler, mais aucun son n’est sorti de ma bouche. J’aurais voulu pleurer, mais mes yeux restaient secs. Après un instant sans pouvoir bouger ni parler, paralysée par la peur, j’ai fini par lâcher mes légumes et me suis sauvée. L’épisode du parking ne lui avait pas suffi, il était revenu à la charge comme un véritable malade mental. J’ai fui pour me réfugier au milieu de mes frères et sœurs, sans dire un mot à mon père.

Si j’avais été plus grande j’aurais porté plainte. J’étais trop effrayée pour exprimer intérieurement ma colère à son encontre. Longtemps je ne l’ai plus appelé que « connard », sans nuance.

Quelque temps plus tard, avec le plus grand des culots, il a proposé à notre père de m'emmener, pour une sortie parisienne. Je ne voulais pas le suivre mais, manœuvrant habilement, il a convaincu notre père de la gentillesse de sa proposition.



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