Arsène Lupin contre Herlock Sholmès by Maurice Leblanc

Arsène Lupin contre Herlock Sholmès by Maurice Leblanc

Auteur:Maurice Leblanc
Format: epub


Je passerai sans doute, ce matin, rue Pergolèse et vous confierai une personne dont la capture est de la plus haute importance. En tout cas, soyez chez vous cette nuit et demain mercredi jusqu’à midi, et arrangez-vous pour avoir une trentaine d’hommes à votre disposition...

Puis il choisit sur le boulevard un fiacre automobile dont le chauffeur lui plut par sa bonne figure réjouie et peu intelligente, et se fit conduire sur la place Malesherbes, cinquante pas plus loin que l’hôtel Destange.

– Mon garçon, fermez votre voiture, dit-il au mécanicien, relevez le col de votre fourrure, car le vent est froid, et attendez patiemment. Dans une heure et demie, vous mettrez votre moteur en marche. Dès que je reviendrai, en route pour la rue Pergolèse.

Au moment de franchir le seuil de l’hôtel, il eut une dernière hésitation. N’était-ce pas une faute de s’occuper ainsi de la Dame blonde tandis que Lupin achevait ses préparatifs de départ ? Et n’aurait-il pas mieux fait, à l’aide de la liste des immeubles, de chercher tout d’abord le domicile de son adversaire ?

« Bah ? se dit-il, quand la Dame blonde sera ma prisonnière, je serai maître de la situation. »

Et il sonna.

M. Destange se trouvait déjà dans la bibliothèque. Ils travaillèrent un moment et Sholmès cherchait un prétexte pour monter jusqu’à la chambre de Clotilde, lorsque la jeune fille entra, dit bonjour à son père, s’assit dans le petit salon et se mit à écrire.

De sa place, Sholmès la voyait, penchée sur la table, et qui, de temps à autre, méditait, la plume en l’air et le visage pensif. Il attendit, puis prenant un volume, il dit à M. Destange :

– Voici justement un livre que Mlle Destange m’a prié de lui apporter dès que je mettrais la main dessus.

Il se rendit dans le petit salon et se posta devant Clotilde de façon à ce que son père ne pût l’apercevoir, et il prononça :

– Je suis M. Stickmann, le nouveau secrétaire de M. Destange.

– Ah ! fit-elle sans se déranger. Mon père a donc changé de secrétaire ?

– Oui, mademoiselle, et je désirerais vous parler.

– Veuillez vous asseoir, monsieur, j’ai fini.

Elle ajouta quelques mots à sa lettre, la signa, cacheta l’enveloppe, repoussa ses papiers, appuya sur la sonnerie d’un téléphone, obtint la communication avec sa couturière, pria celle-ci de hâter l’achèvement d’un manteau de voyage dont elle avait un besoin urgent, et enfin se tournant vers Sholmès :

– Je suis à vous, monsieur. Mais notre conversation ne peut-elle avoir lieu devant mon père ?

– Non, mademoiselle, et je vous supplierai même de ne pas hausser la voix. Il est préférable que M. Destange ne nous entende point.

– Pour qui est-ce préférable ?

– Pour vous, mademoiselle.

– Je n’admets pas de conversation que mon père ne puisse entendre.

– Il faut pourtant bien que vous admettiez celle-ci.

Ils se levèrent l’un et l’autre, les yeux croisés.

Et elle dit :

– Parlez, monsieur.

Toujours debout, il commença :

– Vous me pardonnerez si je me trompe sur certains points secondaires. Ce que je garantis, c’est l’exactitude générale des incidents que j’expose.



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