Apocalypse bébé de Virginie Despentes (Fiche de lecture) by lePetitLitteraire

Auteur:lePetitLitteraire
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: lePetitLitteraire.fr
Publié: 2015-05-15T00:00:00+00:00

CLÉS DE LECTURE

LE FÉMINISME

Loin d’être un véritable manifeste pour le féminisme, Apocalypse bébé met la femme à l’honneur à plusieurs reprises. Tout d’abord, la plupart des personnages du roman sont féminins alors qu’ils évoluent dans un milieu que l’on se représente habituellement comme masculin. Dans ce monde violent, corrompu et obscur, chaque femme trouve sa place et se montre à la hauteur de sa mission.

L’ambiance lesbienne, qui occupe la majeure partie du livre, participe également à ce climat féministe. Cet univers, appelé « les grands espaces » (p. 300) par la Hyène, est opposé à l’hétérosexualité décrite comme ennuyeuse. Et, de fait, les couples hétérosexuels sont tous voués à l’échec dans ce roman : les parents de Valentine ont divorcé, Claire et François sont loin de former la paire idéale que représente Lucie et Zoska, et le couple de Valentine et Yacine, au-delà de l’interdit moral, ne peut continuer.

La Hyène, dans la bouche de laquelle semble s’exprimer la voix de Despentes, promeut un idéal saphique. Selon ce personnage marginal, l’hétérosexualité est trop bornée et stéréotypée. Elle explique que la vie revêt plus de sens, d’intérêt, et de couleurs pour les lesbiennes : « […] elles restent jeunes, elles n’ont pas été abimées par une vie putride. Chez nous, trente-cinq ans, c’est même pas le début : c’est encore le prologue. » (p. 226) L’auteure elle-même est d’ailleurs devenue lesbienne à l’âge de 35 ans. Le personnage de la Hyène incarne un brouillage identitaire entre genre féminin et genre masculin. Selon Yacine, elle aurait même des manières d’hommes. Les pensées de Vanessa, lorsqu’elle la rencontre, illustrent également cette idée : « Quand le mot “masculin” lui traverse l’esprit, elle regarde la grande détective, ajoute deux et deux et obtient : lesbienne » (p. 193).

À travers le personnage de François, qui incarne le machiste type, l’auteure critique le regard que l’homme porte sur la femme : « ils ont leur critère propre, qui n’a pas grand-chose avec le bon goût » (p. 92). À l’opposé de cet idéal féminin, ce bourgeois parisien séduit par son faux côté « artiste » et tente de multiplier les conquêtes.

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