Antoine et Alfred 02--Alfred sauve Antoine by Yves Beauchemin

Antoine et Alfred 02--Alfred sauve Antoine by Yves Beauchemin

Auteur:Yves Beauchemin
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 978-2-7644-1718-8
Éditeur: Québec Amérique


Le lendemain matin pendant le déjeuner, il revint sur le sujet et tenta de convaincre Roméo Robinet d’examiner ce fameux mur, qui cachait sûrement quelque chose. L’électricien avait hâte de se débarrasser de son travail et de quitter les lieux ; il promit mollement d’aller jeter un coup d’œil « s’il en avait le temps », mais Alfred voyait bien que le cœur n’y était pas.

— Bon, ça va, j’ai compris, soupira-t-il. Les esprits lucides vivent dans la solitude.

Et il se mit à siroter mélancoliquement sa tasse de café.

Sur ces entrefaites apparut Motte de Beurre ; il leur adressa un miaulement amical et vint se frotter contre les jambes de l’électricien. Il voulut se frotter aussi contre Alfred, mais ce dernier, par prudence, recula au milieu de la table, préférant pour l’instant causer à distance. Le chat avait passé une très bonne nuit, les remerciait pour la délicieuse pâtée qu’il avait trouvée dans son bol au déjeuner et comptait aller faire une petite promenade dans le parc malgré un vilain mal de reins.

— Ah ! le mal de reins ! je connais ça ! s’exclama Alfred après avoir traduit les propos du chat à l’intention de Robinet, qui suivait leur conversation d’un air médusé en grillant une cigarette.

Et Alfred raconta l’aventure qui avait failli lui coûter la vie à l’hôtel de ville de Longueuil.2

Motte de Beurre compatit à ses malheurs, puis, avançant un peu la tête :

— Mrrrn-wowe ?

C’était sa façon de lui demander jusqu’à quelle heure il comptait travailler.

— Oh, tard, très tard, répondit le rat. On est débordés.

— Eh bien, si on l’est, au boulot ! ordonna l’électricien en le saisissant par la peau du cou. Je voudrais ficher le camp d’ici dans trois jours, moi.

Ils travaillèrent comme des forçats jusqu’à midi, puis, après avoir cassé la croûte tous les trois dans le grand salon (Alfred se laissa approcher cette fois par Motte de Beurre et termina même un biscuit au chocolat adossé à son flanc), Robinet et son aide se remirent à l’ouvrage de plus belle.

Alfred ne reparla plus de la chambre à l’armoire. Il avait décidé de l’explorer lui-même. Vers sept heures, l’électricien rangeait ses outils lorsque le rat se planta devant lui avec son plus charmant sourire :

— Que dirais-tu de faire venir de la pizza ?

— Ouais… pourquoi pas ? murmura l’électricien, épuisé. En attendant qu’elle arrive, je pourrais me reposer un brin.

— J’aimerais avoir, si possible, du pepperoni un peu faisandé, lança Alfred en s’éloignant.

Il grimpa l’escalier et se dirigea vers la chambre. Durant l’après-midi, ils avaient travaillé dans la pièce voisine. Robinet y avait percé au plafond deux trous qui permettaient de se faufiler partout.

Oui, mais comment s’y rendre ? Il y avait bien un vieil escabeau dans un coin, mais beaucoup trop lourd pour que le rat songe à le déplacer. Soudain, il sentit quelque chose dans son dos. Motte de Beurre venait d’entrer silencieusement et l’observait.

— Dis donc, toi, fit Alfred, un peu effrayé, tu pourrais frapper avant d’entrer, non ?

— Je suis chez moi ici, observa tranquillement le chat dans son langage de chat.



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