Anonymous by Gabriella Coleman

Anonymous by Gabriella Coleman

Auteur:Gabriella Coleman [Coleman, Gabriella]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Lux - 2016
Publié: 2016-01-04T16:00:00+00:00


L’Enfer n’a pas de fureur qui égale celle d’un gamer dédaigné

Pendant l’essentiel de mars et avril 2011, donc, AnonOps poursuit ses activités sans relâche, mais le réseau se bute à une accumulation de problèmes. De petits incendies éclatent çà et là, et la fatigue résultant de leur extinction commence à tirer le groupe vers le bas.

Même si, en se faisant crucifier par Anonymous, Aaron Barr est devenu la risée d’internet pour l’année 2011, sa mission consistant à découvrir et à révéler l’identité des Anons n’a pas pris fin avec lui. La société Backtrace Security (dont le nom se veut un clin d’œil à la tristement célèbre campagne de trollage menée en 2010 par Anonymous contre la pré-adolescente Jessi Slaughter, dont le père avait affirmé avoir «retracé» [backtraced] les Anons) en a fait son principal objectif et a repris le travail là où Barr l’a laissé en plan. Sa représentante la plus active, Jennifer Emick, a elle-même déjà combattu l’Église de scientologie aux côtés d’Anonymous dans le cadre de l’opération Chanology. Elle a cependant fini par se montrer critique à l’égard des tactiques discutables adoptées ultérieurement par AnonOps (celles-là mêmes dont LulzSec garnirait son coffre à outils). Défenderesse autoproclamée de la loi et de l’ordre, elle soutient que «personne ne peut prétendre se battre pour la justice et la démocratie tout en appliquant des tactiques injustes et antidémocratiques[4]». L’argument est pertinent, mais passe sous silence l’éthique douteuse de sa propre conception du travail de justicier: à la mi-mars 2011, Backtrace publie un tableau indiquant l’«identité» de 70 membres et sympathisants d’Anonymous. Comme dans le cas de la tentative de Barr, beaucoup de ces identifications sont soit erronées, soit déjà publiques, à l’exception d’une seule. On doit l’accorder à Backtrace. Il s’agit du nom qui compte alors le plus: Hector Xavier Monsegur, hacker notoire connu sous le pseudo de Sabu. (Dans le document de l’entreprise, son patronyme est mal orthographié: Montsegur.)

Backtrace n’a pas découvert l’identité de Sabu en accomplissant quelque prouesse ingénieuse. La firme a simplement eu de la chance: une membre d’Anonymous, qui fréquentait les canaux les plus secrets du collectif sous le pseudo de Laurelai, a sottement transmis ses journaux de chat à Emick. Dans ce document totalisant plus de 200 pages se trouvait un indice qui a mené Backtrace au New-Yorkais d’origine portoricaine établi dans le Lower East Side de Manhattan. En chattant avec ses compatriotes, Sabu avait accidentellement tapé ou collé une adresse web comprenant le nom de domaine de son serveur personnel, prvt.org. En googlant cette adresse, l’équipe de Backtrace a découvert un sous-domaine recelant des renseignements personnels sur le hacker, ce qui l’a inévitablement mené vers sa page Facebook.

Intitulé Namshub («incantation» en sumérien), le document de Backtrace est disséqué par Anonymous, mais la plupart des Anons sont bien sûr en mesure de savoir si les pseudos correspondent bel et bien aux noms réels. Sabu (et peut-être quelques-uns de ses proches collègues hackers de longue date) se sait exposé. En divulguant l’identité de l’Anon, Backtrace a agi tel la force d’Eshu: l’esprit des chemins a laissé choir le puissant hacker au carrefour.



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