Amulettes by Véronique Ajarrag & Véronique Ajarrag

Amulettes by Véronique Ajarrag & Véronique Ajarrag

Auteur:Véronique Ajarrag & Véronique Ajarrag
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Editions du Chat Noir


XXV

« Hep ! Vous !… »

Je sentis qu’on me secouait avec force bien que j’éprouvai du mal à sortir du sommeil qui avait eu raison de moi sur ce banc en bois dur, dans cet endroit glacial sentant l’urine et le tabac froid.

« … Le commissaire veut vous voir ! Levez-vous ! »

Je m’assis avec peine, courbatu de tous côtés. J’avais perdu tout repère. Il me fallut plusieurs minutes pour me rappeler : l’appartement d’Agrippine, les deux molosses que j’avais cru être des mafieux à la solde de cette patronne de canard, l’arrivée au commissariat et l’interrogatoire musclé qui s’était prolongé tard dans la nuit. Assurément, cette femme devait avoir le bras long pour que des fonctionnaires d’état acceptent de jouer l’intimidation à seule fin de lui agréer. J’avais tout raconté, hormis bien entendu ce que je savais de la vie antérieure d’Agrippine ainsi que son enlèvement. Ils avaient fini par douter : huit heures de disparition, ce n’était pas encore une preuve tangible de rapt comme le prétendait celle qui les avait alertés, pour m’accabler et me mettre officiellement à l’ombre. Il suffisait qu’ils recoupent mes alibis, qu’ils vérifient mon casier, mes comptes et mes rendez-vous professionnels pour que les présomptions de culpabilité dont m’affublait ce requin de l’info tombent.

Je me levai enfin, disposé à suivre celui qui m’avait si durement secoué, et me dirigeai vers la porte grillagée.

« Attendez deux secondes, j’arrive ! » Il referma la porte à clé devant mon visage hagard. Je me rassis, ne comprenant pas pourquoi on m’avait réveillé si c’était pour me laisser attendre encore un moment dans ce lieu répugnant. Je regardai l’horloge murale, il était près de sept heures du matin. Je devais avoir dormi à peine plus de deux heures. Personne dans mon entourage n’était au courant de mon arrestation et on m’avait confisqué mon portable professionnel. Je ne pouvais ni prévenir Agrippine, ni appeler Morti pour qu’il vienne me tirer d’affaire. En l’occurrence, il serait sans aucun doute ravi de constater que le premier coup de fil qu’on me laisserait lui passer d’ici peu s’effectuerait à une heure plus acceptable. Quant à l’avion pour le Maroc, il était parti sans moi !

Si je comprenais bien ce que suggéraient les propos de ma mystérieuse patiente, les cinq jours auxquels elle faisait allusion depuis le début, ce vendredi qui, selon elle, résonnait immanquablement comme une fin, il ne me restait guère plus de soixante-douze heures pour la retrouver saine et sauve. En outre, si tout ceci ne s’avérait être, au final, qu’une vaste mascarade, il était alors évident qu’Agrippine n’avait que davantage besoin de mes services d’analyste.

Cependant, et bien que mon désir fût de garder au maximum la tête froide, mon cerveau n’arrivait pas à s’exonérer des événements qui s’étaient produits depuis la veille. Je repensais surtout à cette femme dominatrice et castratrice, à son fils inhibé, à cette toute-puissance mégalomaniaque issue sans nul doute d’une frustration liée à l’enfance ou à un problème non réglé, pourquoi pas dans une ancienne vie - il fallait bien l’envisager - dont je venais de faire les frais.



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