Alpes noires by Philippe Paternolli

Alpes noires by Philippe Paternolli

Auteur:Philippe Paternolli
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Caiman
Publié: 2015-01-01T00:00:00+00:00


***

Erno hurla de rage. Ils venaient de perdre Chainay dans la traversée de Bellecombes.

La filature avait commencé lorsque, arrivant devant la mairie d’Aigueton pour le « vrai-faux » rendez-vous de 14 heures, Erno et Jacquemont avaient croisé Chainay au volant de sa Renault Ssanda.

Erno avait ordonné à Jacquemont de le suivre, mais Jacquemont avait devancé l’ordre et joué aussitôt du frein à main. Depuis son mobile, Erno avait téléphoné à la mairie pour annoncer qu’il serait en retard à son rendez-vous. Simple ballon d’essai. Chainay aurait pu indiquer à son secrétariat où il allait. Cela ne donna rien. Personne ne savait où avait filé le maire.

Erno et Jacquemont s’engagèrent sur la route d’Aix-les-Bains, à distance raisonnable de la Ssanda. Jacquemont connaissait son boulot. Jacquemont connaissait l’art de la filature. Tout s’était bien déroulé jusqu’à Bellecombes. Là, au beau milieu du village, un carrefour proposa ses quatre directions sans qu’Erno ni Jacquemont n’aperçoivent l’arrière de la Ssanda. Et chacune des routes disparaissait dans un virage à moins de cent mètres du carrefour. Erno et Jacquemont s’engagèrent à tout hasard droit devant eux. De la main, index tendu, Erno fit comprendre à Jacquemont d’accélérer.

Coup de patin cinq minutes plus tard, à l’amorce d’une longue ligne droite : pas de Chainay en vue. Ils n’avaient pas pris la bonne direction.

Demi-tour et retour à Bellecombes. Pied au plancher. À droite au carrefour. Toujours au hasard. Une fois encore, ils comprirent après quelques kilomètres qu’ils s’étaient trompés ; qu’ils n’avaient pas attiré la chance sur eux.

Demi-tour. Direction : la seule route qu’il leur restait à explorer. Ils accusaient maintenant un sacré retard. L’espoir était infime de rattraper Chainay.

Et soudain Jacquemont cria, indiquant la Ssanda garée dans un chemin à droite de la route. Erno retint Jacquemont de s’engager sur le chemin et lui dit de poursuivre sa route. Jacquemont obéit. Demanda pourquoi. Erno lui expliqua qu’il avait cru voir Jocelyn Pecq au milieu du chemin, se dirigeant vers la voiture de Chainay.

Jacquemont s’arrêta un plus haut. Courbés en deux, Erno et Jacquemont rebroussèrent chemin. Ils s’approchèrent ainsi à cinquante mètres de Pecq. Ce dernier les aperçut alors. Il accusa une seconde de stupeur puis s’enfuit à grandes enjambées à travers la forêt.

Erno cria : à Jacquemont de le suivre ; à Pecq de s’arrêter. Erno ne se fit aucune illusion : Pecq ne ralentirait pas. Erno et Jacquemont se séparèrent afin de balayer un secteur plus large. Le bruit de la course de Pecq les renseignait sur la direction à suivre. Pour l’instant, Pecq tirait tout droit, dévalant la pente raide. Le fond de la vallée était encore éloigné. Erno se demanda quelle stratégie adopterait Pecq en atteignant la rivière : remonter l’autre versant ou suivre le cours du nan ? Réponse à la question d’Erno : un coup de feu et une balle qui siffla à ses oreilles. La partie devenait sérieuse. Pecq était dangereux. Erno l’avait deviné dès leur première rencontre et savait que Pecq ne reculerait plus ; que rien ni personne ne saurait le raisonner.



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