Algérie 1830-1914 by Frémeaux Jacques

Algérie 1830-1914 by Frémeaux Jacques

Auteur:Frémeaux Jacques
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Desclée de Brouwer
Publié: 2019-03-23T00:00:00+00:00


Progrès et limites de l’essor économique

Pour que le programme de Napoléon III ait une chance de s’imposer, l’Algérie aurait besoin de la prospérité économique qui puisse accompagner ses attendus politiques. Il faut reconnaître que celle-ci n’est pas vraiment au rendez-vous, même durant les années de conjoncture mondiale favorable dont a bénéficié le régime impérial.

Certes, les progrès de l’équipement sont notables, avec une poursuite du développement du réseau routier, qui atteint environ cinq mille kilomètres (la liaison d’Alger avec Oran et Constantine étant réalisée respectivement en 1864 et 1865). Les premières lignes de chemin de fer sont concédées sous le mandat de Randon à la compagnie PLM qui construit la ligne de Philippeville à Constantine, achevée en 1870, et surtout la ligne d’Alger à Oran, mise en exploitation le 1er mai 1871. Il faut noter qu’il s’agit encore d’un réseau à voie unique, avec des convois circulant à très faible vitesse (vingt-cinq kilomètres/heure de moyenne). En matière de télécommunications, le réseau de télégraphe électrique a vite remplacé le système optique de Chappe du début de la conquête, et dépasse trois mille kilomètres dès les années 1860. En revanche, la liaison par câble télégraphique, en dépit de premières tentatives, n’est assurée qu’à partir du 1er août 1870 pour Bône-Marseille, Marseille-Alger ne fonctionnant que le 1er juillet 187120. Les relations maritimes avec la France bénéficient de grands travaux d’agrandissement des ports complété par de l’équipement de la côte en phares et balises indispensables à la sécurité, et du développement de la navigation à vapeur, avec l’apparition des grandes compagnies créées par les armateurs marseillais comme les Messageries maritimes, fondées en 1851, ou la Compagnie de navigation mixte. Il s’y ajoute des compagnies locales, dont la plus célèbre est la compagnie Schiaffino, société familiale d’origine génoise, établie en Algérie dès la conquête.

Beaucoup nourrissent alors de grands projets industriels, et en particulier le saint-simonien Paulin Talabot (1799-1885), directeur général de la compagnie PLM. En fait, son entreprise se consacre essentiellement à l’extraction du minerai de fer de Mokta el-Hadid, au sud-ouest de Bône, qui débute en 1865. D’autres minerais, dont l’Algérie recense des gisements variés et nombreux, sinon très abondants (plomb de Kef Oum Teboul, près de La Calle) sont également exploités. Les industries de transformation sont modestes, travaillant pour le secteur alimentaire, huileries, minoteries et distilleries, avec des succès indéniables, mais circonscrits (création de la liqueur Amer Picon en 1837). Le développement de la grande industrie est handicapé par la rareté de l’eau et des gisements de houille exploitables, besoins fondamentaux de l’époque (Talabot envisage d’utiliser la houille de la Grand-Combe, dans le Gard, dont il est propriétaire), ainsi que par l’étroitesse du débouché local et l’entrée en franchise douanière, d’abord des produits français, puis européens, respectivement en 1851 et 1867, qui défavorise l’éclosion d’industries algériennes. On retrouve là une problématique analogue à celle de tous les pays de la rive sud de la Méditerranée, du Mezzogiorno italien à la Tunisie en passant par l’Empire ottoman et l’Égypte. Pour l’essentiel on en reste, tant



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