Africafrance (Documents) (French Edition) by Antoine Glaser

Africafrance (Documents) (French Edition) by Antoine Glaser

Auteur:Antoine Glaser [Glaser, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2014-02-11T16:00:00+00:00


Foudre de guerre

La guerre, c’est ce qu’Idriss Déby sait faire le mieux. Le 16 janvier 2013, en soutien à l’opération française Serval, il envoie au Mali plus de deux mille soldats d’élite, dont une partie de la garde présidentielle, ainsi que deux cent quarante véhicules de transport de troupes et de ravitaillement. Ce contingent est baptisé FATIM : Forces armées tchadiennes d’intervention au Mali. Déby nomme aussi numéro deux de l’opération son propre fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, patron de la DGSSIE (Direction générale des services de sécurité et des institutions de l’État). Les forces tchadiennes interviennent aux côtés des forces françaises à proximité de l’Adrar des Ifoghas. Le 12 février 2013, après un violent accrochage avec les rebelles, trente-huit soldats tchadiens sont tués et quatre-vingt-cinq sont blessés. Ce seront les pertes les plus importantes de l’opération militaire dans le nord du Mali. « Cette perte, s’il en était besoin, illustre l’engagement total et courageux des forces armées tchadiennes pour libérer, aux côtés des forces maliennes et françaises, le Mali du fléau du terrorisme, déclare François Hollande. Le sacrifice de ces jeunes soldats doit être salué avec le plus profond respect, et nous renforcer dans notre détermination. »

Incontournable pour Paris, Idriss Déby se permet de faire la leçon à ses pairs d’Afrique de l’Ouest. Fin février 2013, il appelle « l’état-major de la CEDEAO à plus de célérité en accélérant l’envoi des troupes dans la zone libérée ». Ces propos déplaisent à ses voisins. En juin 2013, les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest ne soutiendront que mollement la candidature du général Oumar Bikimo, qui a commandé le contingent tchadien au Mali, à la tête de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali). C’est le général rwandais Jean-Bosco Kazura, un habitué des opérations de maintien de la paix de l’ONU, qui sera désigné par le secrétaire général Ban Ki-moon.

C’est toutefois au Tchad que le nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a fait sa première visite officielle à l’étranger. Son avion a atterri le 29 août 2013 à Abéché, puis un hélicoptère de l’armée tchadienne l’a conduit à Iriba, près de la frontière soudanaise, où Idriss Déby passait ses vacances. Un périple qui souligne la nature privilégiée des relations tchado-maliennes. « Je suis venu dire merci, a déclaré IBK. Il était indiqué que je réserve cette première visite au Tchad, que je vienne exprimer toute ma reconnaissance au peuple tchadien et à son président pour l’action conduite qui a permis aujourd’hui qu’on soit dans cette stabilité. » Un geste de reconnaissance qui tente de gommer la bourde du président par intérim, Dioncounda Traoré, trois mois plus tôt : lors de la remise du prix Félix-Houphouët-Boigny à François Hollande à l’Unesco, le 5 juin 2013, il avait omis de citer le Tchad parmi les pays remerciés pour être venus « sauver » son pays. Idriss Déby l’avait très mal pris…

Après avoir déjoué mille et un complots depuis sa prise de pouvoir à Ndjamena, l’ancien rebelle entend aujourd’hui être respecté.



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