Africa: Etats faillis... by Dowden Richard

Africa: Etats faillis... by Dowden Richard

Auteur:Dowden, Richard [Dowden, Richard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique, essai
ISBN: 9782875230379
Éditeur: Nevicata
Publié: 2013-07-14T22:00:00+00:00


S’agrippant à l’idée que c’étaient les États qui constituaient le problème, les donateurs se mirent en tête d’apporter l’aide directement aux populations, en contournant la bureaucratie gouvernementale et en apportant les fonds à des organismes non-gouvernementaux tels que les ONG internationales et locales. Les gouvernements africains furent de moins en moins capables d’assurer leurs propres fonctions de base, comme la sécurité ou la justice. Les systèmes de soins de santé et d’éducation scolaire tombèrent en décrépitude. La pauvreté grimpa en flèche alors que les ONG opérant en Afrique, soudainement riches, devenaient d’authentiques gouvernements à petite échelle, avec une foule de responsabilités, telles que la distribution de l’aide alimentaire ou l’entretien de leurs propres armées privées. Par endroits, on aurait dit que l’agenda du libre échange imposé subitement et sans compromis au continent menaçait de le démembrer, de le déchirer entre les chefs de guerre et les ONG.

Au début, les gouvernements résistèrent autant que possible aux privatisations. Ensuite, à l’aide d’emprunts bancaires, les élites qui naguère avaient dirigé les entreprises parastatales et les actifs de l’État se mirent à racheter ces actifs, alors qu’ils avaient contribué à les réduite à néant lorsqu’ils étaient du côté du pouvoir. Ils s’assurèrent au passage que les prix soient au plus bas. Les règles de la privatisation imposée prévoyaient fréquemment que les biens soient rachetés par la population locale. Lorsque les groupes occidentaux refirent leur apparition en Afrique, ils ne purent généralement se passer d’un homme du cru pour les orienter quand ils se risquaient dans les jungles bureaucratiques. Dans ce cas, quel meilleur choix pouvaient-ils faire que de prendre un puissant politicien ? Et voilà comment les grosses légumes des économies étatiques devinrent des légumes encore plus grosses à l’heure de la privatisation. Tout changea et tout demeura inchangé. Les anciens riches devinrent les nouveaux riches, les pauvres restèrent pauvres. Pour reprendre les mots acides de ce Sud-Africain rencontré en Angola, « la merde est différente, mais les mouches sont les mêmes ».

Les anciennes élites firent bon usage de leurs nouvelles fortunes : elles se lancèrent en politique. L’agenda occidental imposé à l’Afrique prescrivait également le multipartisme. Or, pour les anciennes classes dirigeantes, il était indispensable de garder le pouvoir politique. Les nouvelles règles imposées par l’Occident simplifiaient la tâche. La plupart des membres des élites dirigeantes étaient devenus millionnaires en dollars et leur électorat était resté pauvre. Loin du libre échange supposé séparer l’État et l’économie, le nouvel ordre mondial les rassemblait et les tenait entrelacés aussi solidement que l’avaient fait les économies dirigées : les patrons et leurs acolytes tenaient toujours les rênes du pays. Ils en étaient même devenus les propriétaires.

Les gouvernements occidentaux, la Banque mondiale et le FMI ne savaient plus quoi inventer pour prouver que leurs remèdes étaient les bons. Ils cherchaient désespérément des cas d’économies convalescentes parmi les pays qui les avaient ingurgités. À l’aube des années 1990, l’Ouganda et le Ghana étaient cités en exemple de pays appliquant des politiques économiques saines. Le président ougandais Yoweri Museveni



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