À la rencontre du cinéma français by Robert J. Berg

À la rencontre du cinéma français by Robert J. Berg

Auteur:Robert J. Berg [Berg, R.-J.]
La langue: eng
Format: epub
ISBN: 978-0-300-15871-7
Éditeur: Yale University Press
Publié: 2011-03-14T16:00:00+00:00


GROS PLANSans toit ni loid’Agnès Varda (1985)119

Synopsis: Une jeune vagabonde erre sur les routes hivernales du Midi, à pied, en auto-stop, sans autre but, semble-t-il, que de survivre. Chemin faisant elle rencontre des gens qui lui veulent du bien ou du mal, avec qui elle ne reste jamais longtemps. Ayant perdu son sac de couchage dans un incendie, elle meurt dans un fossé, d’épuisement et de froid.

Le titre du film est formé à partir de deux locutions: sans foi ni loi(sans religion ni morale, et par extension, capable des pires actions) et sans feu ni lieu(sans domicile fixe). Varda remplace foide la première locution par un mot qui réunit feu et lieu dela seconde, tout en gardant l’assonance. Le surnom Monaévoque le grec monos(«seul»). L’errance, le refus des règles communément admises, la solitude—voilà donc les trois traits essentiels de la protagoniste. Les gens qu’elle rencontre ajouteraient sans doute la liberté et la saleté, mais ici nous passons de la description à l’explication, et de l’évidence au mystère. Dans un article intitulé justement «Freedom and Dirt» Chris Darke demande: «Mona est-elle sale parce qu’elle est libre, ou libre parce qu’elle est sale?»120. Autrement dit, a-t-elle choisison mode de vie ou l’a-t-il «choisie»? Qu’est-ce qui motive Mona? Que veut-elle? À ces questions et à bien d’autres le film refuse obstinément de répondre. Le plan 19:04-19:07 fait figure à cet égard de mise en abyme121:une façade, une fenêtre condamnée sur laquelle est peinte en rouge un énorme point d’interrogation, un panneau de la même couleur qui dit sans ambiguïté la vanité de toute tentative d’aller plus loin. Sans toit ni loi (STNL)est un film-énigmeet ce plan en résume le défi: Vous ne verrez jamais que les dehors; l’accès à l’intérieur vous sera toujours interdit.Brouillée dès le début, l’image de Mona, comme le dit Varda ellemême, «se transforme, se définit et s’indéfinitde plus en plus»122.

1. Une narratrice diégétique intervient dès le plan 4:47-5:29: loin d’être omnisciente («Moi-même, je sais peu de choses d’elle…»), elle en est réduite à la conjecture («… mais il me semble qu’elle venait de la mer»). Cette narratrice dit avoir pu reconstituer les dernières semaines de vie de Mona grâce aux témoins qui l’avaient croisée et qui se souvenaient d’elle. Ce sera donc un film d’enquête sur une personne qui vient de mourir: procédé connu, banal même. Mais nous voilà aussitôt détrompés: ce sera une enquête sans enquêteuse. À 5:53-6:17, à 8:07-8:22 et à 1:11:08-1:11:45 nous surprenons une conversation où il est question de Mona. Qu’est devenue la narratrice? À 15:13-15:40 et à 29:45-30:09 un homme parle de Mona à un autre homme cadré en amorce. Où sont les témoignages rassemblés par la narratrice? À qui s’adresse David (le squatter du château) dont le regard fuyant ne semble fixer personne (28:33-29:00)? Et le berger philosophe qui a tout l’air de raconter à sa femme(1:04:01-1:04:28) une histoire qu’elle connaîtrait déjà parfaitement! Les seuls témoignages «documentaires» attribuables à la narratrice sont ceux du maçon (57:54-58:19), du régisseur (1:15:32-1:15:40), du zonard de la gare (1:37:26-1:37:49) et d’Assoun (1:39:20-1:39:28).



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