À Juillet, toujours nue dans mes pensées by Benoît Quessy

À Juillet, toujours nue dans mes pensées by Benoît Quessy

Auteur:Benoît Quessy
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 978-2-7644-1998-4
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2012-09-10T00:00:00+00:00


Chapitre 6

Juillet et Frank s’aiment

Nez à nez, on fermait les yeux tour à tour, heureux de retrouver l’autre quand on les rouvrait. C’étaient les vacances, une douceur sans fin, un abandon dans le miel, la crème, beaucoup de fluides, de salive, de petits becs lascifs et tendres. En deux jours, nous avons passé à travers le vieux Kamasutra, puis nous en avons écrit une nouvelle version. On ne voulait être nulle part ailleurs. Nos corps étaient des charges électriques où tout effleurement produisait des arcs de désir tétanisant nos épidermes, sources de caresses interminables. Ses cils sur mon cou, mes orteils sur ses fesses. La tête de Frank blottie entre mes omoplates, sa bouche au creux de mes reins. Si je n’avais vécu que pour ça, ça en aurait valu la peine.

Son appartement aux murs bruns était plutôt glauque, mais la lumière venait de l’intérieur. Un peu des fossettes des fesses de son occupant et beaucoup du lieu de création qui donnait à ce réduit des airs de studio d’enregistrement. Les instruments de musique, les consoles, les fils, les claviers et les ordinateurs vieillots faisaient oublier la tristesse du lieu. Un rayon de lumière, qui s’aventurait jusqu’au milieu de la pièce en début d’après-midi pour venir titiller nos corps nus et épuisés, donnait au lieu des airs de petit paradis. Frank faisait partie de ces artistes au bord de la réussite, mi-inconscients, mi-tourmentés, dont le monde tournait autour de la mise en marché de leur produit. Encore une fois, cette marge qui ne demandait qu’à être reconnue publiquement, tout en s’attaquant à cet univers sans lequel elle n’était rien. Navrant dans la plupart des cas, sauf que ce Frank-là, émouvant, appartenait aux purs, ceux de l’amitié et du partage. Alors, même si la conscience politique était à zéro, le fond était bon. Nous étions du même bord, sans qu’il le sache, d’autant plus qu’il était désormais impossible de glisser quoi que ce soit entre nos deux épidermes. Et puis, dans ce monde aux idées polarisées où tout était génial ou ridicule, la quête musicale de Frank apportait un vent de fraîcheur. Innocence et nuance. J’avais le goût de m’y abandonner. Ça me changeait des idées totalitaires et des nobles causes. Car les causes, c’est comme tout, il faut parfois s’en éloigner pour les apprécier davantage. S’il était plus âgé que moi, il me semblait que j’avais des années de vécu de plus que lui.

— À quoi tu penses ?

Je l’avais abandonné à ses rêves et voilà qu’il me sortait des miens. Quel sourire ! Ces lèvres charnues, cette bouche tendre et désirable. Deux billes noires profondes pour tout regard. Je me suis collée contre lui, embrassant son torse. Ma tête reposant sur sa poitrine, ma main caressant distraitement son ventre. Ayant bien balayé un petit bout de peau, je n’ai pas pu résister à l’envie d’y déposer un baiser. Et d’y donner un petit coup de langue pendant que ma main caressait et nettoyait un autre petit bout du ventre, un peu plus bas.



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