À chacun sa croix by Philippe Gitton

À chacun sa croix by Philippe Gitton

Auteur:Philippe Gitton
La langue: fra
Format: epub
Tags: quotidien, social, humour, drame, humain, paris, 19e arrondissement
Éditeur: Publishroom
Publié: 2016-06-30T00:00:00+00:00


Sait-on jamais !

« C’est pour toutes ces raisons qu’au nom de la CGT, je vous appelle à rejeter le projet de restructuration. Nous passerons parmi vous dès aujourd’hui avec la pétition des syndicats. Si la direction reste sourde aux revendications du personnel, nous devrons, c’est certain, monter d’un cran le niveau de la lutte. »

Patrice plie sa feuille de papier, la glisse dans sa poche. Quelques applaudissements retentissent. Les agents retournent sur leur poste de travail. De son côté, Julien continue de trier le courrier, les écouteurs dans les oreilles. En fin de matinée, de retour au bureau, Julien classe les lettres recommandées qu’il n’a pas délivrées pendant sa tournée. Pétition en main, Patrice s’approche de lui.

– Excuse-moi, tu as deux minutes pour lire la pétition ?

– Je ne suis pas intéressé, je suis intérimaire, tu le sais bien, rétorque-t-il sèchement.

– Justement, souligne Patrice, les gens comme toi ont des raisons supplémentaires de s’opposer aux suppressions d’emplois. Moins d’effectifs, moins de chance d’être embauché.

– De toute façon, je ne suis pas d’accord avec vous. Vous protestez contre les réorganisations qui vont dégrader les conditions de travail mais tu as vu l’heure à laquelle on rentre de tournée ? Il est 11 heures 30 et j’ai déjà fini. Et moi, je ne cours pas. La plupart sont là depuis une bonne demi-heure. On est payé jusqu’à 13 heures 15, je te rappelle. Comment vous pouvez gueuler contre la direction qui cherche à nous faire faire les horaires normaux de boulot ?

– C’est ce que dit la directrice. Vous ne faites pas vos heures, peut-être, mais à quel prix ? L’intensité du travail augmente, les cadences de tri sont de plus en plus élevées…

– Arrête ta chanson avec les cadences infernales, s’énerve Julien. À la CGT, vous êtes complètement à l’ouest. Y’a des mecs qui ont des raisons de se plaindre, les chauffeurs routiers, les marins pêcheurs, les manœuvres du bâtiment, eux ils en chient, et je ne te parle pas des travailleurs dans les pays sous-développés… Mais à la Poste, on se la coule douce. Franchement. Y’a pas de quoi la ramener.

– Donc, si je te suis, les postiers doivent se contenter de leur sort, accepter des salaires misérables pour…

– Écoute, ne te fatigue pas, je connais le discours. Vous êtes dans votre bulle. Pas étonnant que les syndicats se cassent la gueule.

– Si les syndicats se cassent la gueule, comme tu dis, c’est parce qu’il y a des gars comme toi qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, qui acceptent la régression sociale. C’est triste de voir ça. Vous vous préparez un bel avenir. Enfin, je ne veux pas t’emmerder plus longtemps. Je dois voir des gens qui, eux, veulent se battre pour notre intérêt commun.

– Oui, c’est ça les camarades, luttez.

Patrice rejoint Frédéric, un adhérent de la CGT.

– Alors, ça signe ? lui demande-t-il.

– C’est plus difficile que je le pensais. Il faut dire qu’il y a de sacrés cas, le jeune intérimaire là-bas, par exemple. Je viens de discuter avec lui. « Y’a pire ailleurs, faut pas se plaindre.



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