Voyages et aventures by Jaques Massé

Voyages et aventures by Jaques Massé

Auteur:Jaques Massé
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2002-01-04T16:00:00+00:00


CHAPITRE 1

suite des avantures de l'auteur et de son camarade, jusqu'à leur départ de la cour. comme le roi alloit voir souvent ses femmes, il ne faut pas demander s'il demeura long-tems à faire parade de sa montre devant elles : il n'y en eut aucune qui n'admirât en cela le genie de l'ouvrier. Car quoi-qu'elles eussent vû l'horloge mille fois et qu'à la derniere même elles eussent encore paru transportées d'étonnement, ce n'étoit rien à leur avis, en comparaison de ce joli instrument, qui nonobstant sa petitesse ne laissoit pas d'avoir ses mouvemens justes, et d'indiquer toutes les parties du jour aussi nettement que le grand. Lidola entr'autres, seconde femme du roi, fit de grandes tentatives pour en devenir la propriétaire ; mais le roi, qui ne s'en vouloit pas défaire, et qui ne l'auroit pas même pû faire, sans exciter de la jalousie entre toutes ces dames, et donner même du chagrin à l'imperatrice, fit semblant de ne la pas entendre.

La reine, pour se venger de ce peu de complaisance, lorsqu'il fut question de recevoir le roi après souper, qui lui avoit fait comprendre qu'il viendroit passer la nuit avec elle, comme il le faisoit fort souvent, ayant beaucoup plus de tendresse pour celle-là, que pour aucune des autres, elle feignit d'être indisposée, et fit prier le roi de ne la point venir voir ce soir-là. Lui qui ne se doutoit encore de rien, envoya le matin pour savoir de ses nouvelles : il en fit autant plusieurs autres jours de suite. Enfin voyant que cela continuoit, et que non-seulement on recevoit ses messagers fort cavaliérement, mais qu'elle-même le regardoit avec un froid capable de le glacer, lors qu'il la voyoit en passant, il se douta bien quelle mouche l'avoit piquée. Il n'en fit pourtant point de semblant, et voulant voir jusqu'où cette indifference pouroit aller, il négligea petit à petit ses visites, et s'attacha si fort à la derniere reine, qu'il n'alloit presque plus que chez elle.

La Forêt, qui non plus que moi, ne savoit rien de tout cela, fut surpris, qu'un soir, comme il se promenoit sous les galeries, il s'entendit appeller par son nom. Il se tourne à cette voix, avec précipitation, et se sentant tout d'un coup frapé par l'éclat de la plus belle personne qu'il eut encore vuë de sa vie (car elle étoit découverte, contre la maxime de ce païs-là, qui ne permet pas aux femmes mariées d'être sans voile, qui leur couvre presque tout le visage, par tout où il se trouve des hommes) il demeure les yeux fixez sur elle, sans avoir la force de lui demander ce qu'elle veut. Vous êtes étonné, beau genie, lui dit-elle, allez ne vous allarmez pas, je ne vous ai appellé que pour vous témoigner le plaisir que j'ai de vous voir, toutes les fois que vous passez devant mon apartement, et pour vous donner ce (...), (que j'apellerai desormais melon : ) tenez, prenez-le, adieu. Ayant proféré ces paroles, elle laisse aller le fruit, se retire, et ferme sa jalousie.



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