Une histoire d'amour radioactive by 2010

Une histoire d'amour radioactive by 2010

Auteur:2010
La langue: fra
Format: epub
ISBN: EPUB9782072413636
Éditeur: Editions Gallimard


48

Tu gardes les yeux fermés.

Je te laisse.

Repose-toi, mon amour. Repose-toi autant qu'il le faudra.

Devant la porte de ta chambre, je suis à peine surpris de buter sur deux mastards genre barbouze.

— Bonjour, capitaine Javier, annonce le plus grand.

Une tête de nœud au visage grêlé qui n'a pas dû avoir une enfance très heureuse. Brun, calvitie naissante. Sa taille imposante le fait paraître plus mince qu'il n'est vraiment. Parce qu'en réalité, c'est un sacré fils de pute : je n'ai pas besoin qu'il m'offre un strip-tease dans les couloirs du CHU pour m'en rendre compte. L'autre, un peu plus petit mais tout aussi baraqué, totalement chauve, se tient un peu en retrait.

Je ne réponds pas.

— Renseignement Intérieur, annonce le grand brun.

— Je suppose qu'il est inutile de vous demander une carte ou un document officiel.

Le barbouze sourit. Un air gentil. Mais pas mon genre.

— Suivez-nous.

Je marque un temps d'arrêt.

— C'est un ordre ?

Nouveau sourire. Les récalcitrants, il doit les pratiquer à longueur d'année, le grand brun.

— Une demande informelle, il précise. J'ai comme l'intuition que vous ne voudriez pas que la conversation que nous allons avoir soit entendue par des oreilles indiscrètes.

— Le commissaire est au courant ? je persiste.

Les balaises de la DCRI, à moins qu'il ne s'agisse d'ex-RG rattachés à la SDIG ou la DCSP, je ne sais pas encore, faut pas les laisser prendre leurs aises, sinon c'est la fin.

— Non. À ce stade-là, je pense qu'il est inutile qu'il en sache trop. Vous n'êtes pas d'accord ?

Je réfléchis quelques secondes. Gérard avait pas mal de choses à cacher. Je l'ai couvert. J'ignore jusqu'à quel point ils sont au courant, mais le ton de la dernière remarque du barbouze me porte à croire qu'il est dans notre intérêt commun de régler ça entre quatre murs.

Ils me conduisent dans une petite salle au bout du couloir.

Le chauve ferme la porte avec une clef de service. Merde. Il se plante devant la lourde. Re-merde. La seule bonne nouvelle, c'est que s'ils avaient vraiment des éléments concrets, je ne serais pas ici.

— Je vous écoute.

— Asseyez-vous, capitaine.

Il désigne une chaise au centre de la pièce. Cette petite entrevue est en train de se transformer en interrogatoire. Je n'aime pas ça.

— Je vous écoute, je répète en restant ostensiblement debout.

— Comme vous voulez.

Grand Brun s'éclaircit la voix :

— Connaissez-vous l'entreprise Cadransic, monsieur Javier ?

Je cherche dans ma mémoire.

— Non, j'affirme d'un ton neutre.

— Cette firme met au point les aiguilles fluorescentes pour les réveils. Nous enquêtons sur le vol d'un stock de sels de radium qui a eu lieu il y a un an au sein de cet établissement. Radium 226, plus exactement.

— Jamais entendu parler.

Les deux barbouzes se marrent.

— Bien entendu, capitaine. Ce n'est pas le genre de choses qui se crie sur les toits.

— Quel est le lien avec notre enquête ?

— Pour l'instant, aucun. Mais nous nous penchons, depuis un certains temps, sur un rapport confidentiel de l'Institut de veille sanitaire signalant des cas de maladies suspectes qui semblent s'être développés dans la région.



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