Sanction secrète by Brian Haig

Sanction secrète by Brian Haig

Auteur:Brian Haig [Haig, Brian]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782253173052
Google: etAqGwAACAAJ
Amazon: 222612750X
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2001-10-04T04:00:00+00:00


19

Lorsque je retournai au bureau, je devais avoir l’air affligé car les girls d’Imelda me proposèrent toutes du café et me demandèrent si elles pouvaient m’être utiles. J’en fus touché. Je me retrouvai en un clin d’œil nanti de trois caouas fumants. Assis à ma table, j’entrepris de me rouler les pouces et de réfléchir à ce que j’allais faire.

En vérité, il n’y avait plus qu’à refermer le dossier. Ensuite je monterais dans un avion et m’en irais affronter le tribunal de Clapper. Imelda et son corps de ballet avaient déjà tapé les enregistrements des interrogatoires ; grâce à Delbert et Morrow, la documentation et les annexes étaient prêtes. Il ne restait plus qu’à rédiger nos conclusions et nos recommandations. Je n’avais pas le cœur à m’y mettre. D’ailleurs, mes zélés collaborateurs s’imagineraient que je leur volais leur victoire.

Et, tout à coup, ça me revint. Le rapport du légiste.

Je priai Imelda d’appeler le Dr Simon McAbee ; une minute plus tard, elle m’annonça qu’il était en ligne.

— Bonjour, docteur. Sean Drummond à l’appareil.

— Bonjour, maître.

— Je vous dois des excuses, j’aurais dû vous prévenir. Nous avons moins de temps que prévu, il nous faut votre rapport d’ici demain soir.

— Oh, ce n’est pas un problème, rétorqua-t-il d’un ton débordant d’efficacité pointilleuse. C’est bouclé depuis trois jours.

— Tant mieux.

— Si je puis me permettre, quelles sont vos conclusions ? Simple curiosité.

— Nous estimons qu’il n’y a pas matière à procès.

— Bien… C’est un immense soulagement, n’est-ce pas ?

— Effectivement, mentis-je.

— Et comment expliquez-vous qu’on ait tiré une balle dans la tête de ces hommes ?

— Ce sont les Serbes qui les ont achevés. Il n’y a aucun doute sur ce point. Nous avons la preuve irréfutable que, quand le site de l’embuscade a été découvert, il y avait encore des survivants.

— Bien, très bien. Il serait abominable de penser que des soldats américains aient commis un acte aussi inqualifiable, aussi barbare.

La voix de Simon McAbee me tapait sur les nerfs. Comme beaucoup de ses confrères, il s’exprimait avec un pédantisme horripilant. Je pouvais éventuellement comprendre que des médecins qui avaient affaire à des êtres vivants se montrent doctoraux, mais un légiste… De toute façon, j’étais d’une humeur massacrante. Je m’apprêtais à mettre un terme à notre conversation, quand une impulsion me fit dire :

— Encore une chose, docteur.

— Oui ?

— Je vous avais demandé de voir si vous pouviez évaluer le nombre de Serbes qui seraient morts des suites de leurs blessures, sans tenir compte de cette balle dans la tête. Vous vous rappelez ?

— En effet.

— Vous avez pu le faire ?

— J’ai procédé à une estimation. Attendez…, marmonna-t-il, et je l’entendis fourrager dans des papiers. Ah oui, voilà. Vingt-cinq d’entre eux auraient succombé.

— Vingt-cinq ?

— Eh bien, je ne le soutiendrais pas envers et contre tout. Je n’ai pas eu l’opportunité de soumettre les corps à un examen approfondi.

— Mais, selon vous, vingt-cinq d’entre eux seraient morts de toute manière ?

— Oh, mon Dieu. J’ai peut-être mal compris ce que vous vouliez.



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